Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 5.djvu/612

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la vitesse énorme de 10 à 12 kilomètres de déroulement du conducteur à l’heure.

L’une des opérations les plus délicates est celle de l’atterrissement des bouts côtiers, qui ne peut plus se faire par le vaisseau lui-même, mais avec le secours d’une multitude de bateaux plats.

On laisse tomber le câble au fond de l’eau, dès que son extrémité est parvenue à la cabane du télégraphe située sur le rivage.

Si des récifs empêchent les bateaux d’approcher, on arrime au câble une quantité convenable de tonneaux, qui le soutiennent à quelques mètres au-dessus du fond, et dont on pourra couper les amarres, en temps opportun.

Quelquefois, on fait entrer dans l’eau une file d’hommes, pour soutenir et porter le câble depuis le navire jusqu’à la plage. Nous avons représenté cette curieuse opération dans les Merveilles de la science, en parlant de la pose du câble indien aux embouchures de l’Euphrate et du Tigre [1].

Dans bien des cas, surtout lorsque la côte forme une falaise, cette opération est difficile, sinon dangereuse.

Avant même d’avoir touché terre, le câble peut être tiré par une locomobile, ou mieux par la machine à vapeur du vaisseau lui-même, au moyen d’une corde et d’une poulie de retour, passant sur une autre poulie de renvoi, amarrée à la côte.


En résumé, la fabrication des câbles électriques sous-marins a subi peu de changements depuis la publication de notre Notice ; et la machine de dévidement servant à poser le câble arrimé à bord d’un navire, est la même que celle que nous avons décrite. Des perfectionnements d’ordre secondaire, et surtout l’habitude qu’ont pris les marins des équipages spéciaux anglais et français auxquels ce travail est confié, assurent le succès d’une opération si intéressante dans son objet, et si merveilleuse dans ses résultats.

Seul, l’instrument de physique chargé de recevoir les signaux, a subi, de nos jours, une transformation complète. Nous avons décrit dans les Merveilles de la science [2] le galvanomètre à miroir, ou galvanomètre de Sir William Thomson, qui servait à recevoir les signaux de l’alphabet télégraphique. Cet appareil est encore conservé par plusieurs Compagnies américaines, par exemple par l’American Telegraph Cable Company. Mais le plus grand nombre des Compagnies l’ont remplacé par le siphon enregistreur du même physicien.

Dans les Merveilles de la science, nous n’avons point donné de figure de galvanomètre à miroir de Thomson. Nous réparons cette omission en mettant sous les yeux du lecteur une vue perspective d’ensemble de cet intéressant appareil.

Le galvanomètre à miroir consiste en une aiguille aimantée, qui est mise en mouvement par le courant électrique, et dont les mouvements à droite ou à gauche composent un alphabet télégraphique : l’alphabet Morse. Pour amplifier et rendre plus sensibles les mouvements, l’extrémité de l’aiguille est pourvue d’un petit miroir, et la lumière d’une lampe venant tomber sur ce miroir, se réfléchit, et va produire au loin, c’est-à-dire à la distance de 2 mètres, sur un tableau, des éclairs et des interruptions de lumière à droite ou à gauche de la ligne médiane correspondant aux signaux du vocabulaire Morse.

La figure 492 donne la vue d’ensemble du galvanomètre à miroir tel qu’il existe à la station du câble atlantique de Brest, correspondant avec Saint-Pierre de Miquelon (Amérique).

À l’intérieur de la boîte de laiton, G, est une aiguille aimantée, autour de laquelle

  1. Tome II, page 225.
  2. Tome II, pages 253-254.