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La soudure des conducteurs entre eux doit se faire avec le plus grand soin ; de telle sorte que, tout en offrant une solidité suffisante, elle ne forme pas de surépaisseur, dont l’interposition correspondrait à une diminution de la quantité de matière isolante en ce point, une fois la pose faite.

Il reste à armer le câble, ainsi préparé, de son enveloppe métallique préservatrice. Cette dernière enveloppe se compose de 9 à 18 fils de fer galvanisé. On l’applique, sans grand serrage, au moyen d’une machine analogue à celle qui a fabriqué l’âme, c’est-à-dire au moyen d’une table roulante contenant les fils de fer, et qui enroule ceux-ci autour du câble.

Le câble est ensuite guipé avec de l’étoupe enduite de poix minérale ou de bitume, et tout aussitôt, on le plonge dans l’eau froide.

Un câble bien armé doit supporter un effort de traction de 2 000 kilogrammes par mètre.


Telle est la fabrication des câbles sous-marins, du modèle courant, c’est-à-dire de la partie qui doit être immergée au fond de la mer. Mais aux abords des rivages, là où le câble doit porter sur des rochers, des récifs, ou être exposé aux rencontres des ancres des navires ou d’obstacles mécaniques divers, il faut lui donner une force de résistance mécanique bien supérieure.

Les câbles des côtes ont une armature énorme : ils pèsent jusqu’à 11 tonnes par kilomètre. Tel est le câble océanien qui va de Brest à Saint-Pierre de Miquelon (câble français). Chaque toron de conducteur est formé de trois fils, afin de rendre la rigidité moins considérable que s’ils étaient formés de fils massifs.

Les câbles noyés dans les grands fonds de l’Océan, tels que ceux de l’Atlantique, qui reposent à 5 000 mètres de profondeur sous l’eau, et ceux de l’Océan Indien, qui dépassent 3 800 mètres, doivent être légers et très résistants, pour ne pas rompre sous leur propre poids, pendant la pose. L’armature qu’on leur donne, au lieu d’être uniquement en fer, est formée de fils de ce métal, recouverts de chanvre ou de jute filé.

La machine qui sert à dérouler le câble au bord des navires chargés d’en effectuer la pose au fond de la mer, est la même qu’autrefois, et ne diffère pas de celle dont nous avons donné le dessin dans les Merveilles de la science [1].

On commence toujours par effectuer, avant de dérouler le câble, une série de sondages, pour lesquels on emploie l’appareil de sir W. Thomson, manœuvré à la vapeur. La ligne de sonde est en fer, et la sonde elle-même permet de ramener à la surface la valeur d’une poignée de sable du fond.

On relève ainsi, tout à la fois, la profondeur et la nature du sol, en réalisant, comme on le voit, la même opération que pratiquent les ingénieurs des chemins de fer ou des Ponts et chaussées, lorsqu’il faut déterminer le profil en long d’une route ou d’une voie ferrée.

La pose d’un câble océanien s’effectue aujourd’hui, grâce à l’expérience acquise, avec une promptitude et une facilité sans pareilles. Cette opération n’est pas évidemment sans présenter des difficultés ; mais l’habitude que prennent les marins chargés de cette opération, enfin la discipline sévère qui régit les hommes du bord, assurent d’avance et à coup sûr le succès d’une opération, qui, au début de la télégraphie océanienne, offrait toutes les difficultés et même les périls que nous avons rapportés dans notre Notice sur le Câble atlantique des Merveilles de la science.

On est arrivé à poser un câble sous-marin dans des profondeurs moyennes, avec

  1. Tome II, page 261.