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on donne aux fils qui forment l’âme du câble, un diamètre calculé sur la vitesse de transmission que l’on veut obtenir.

Avant de recevoir la première couche de matière isolante, c’est-à-dire la gutta-percha, les fils sont préalablement enduits d’une première matière isolante, et tout à fait imperméable, le chatterton.

Le chatterton se compose d’une partie de résine, une partie de goudron de Stockholm et trois de gutta-percha. Il adhère fortement au cuivre, ainsi qu’à la substance isolatrice (la gutta-percha) de manière à en former un tout absolument imperméable à l’eau.

À l’origine de la fabrication, le chatterton était inconnu, et l’eau de mer, filtrant peu à peu à travers les pores de la gutta, pouvait atteindre les fils, et les suivre sur une partie de leur longueur. Il en résultait des oxydations désastreuses, et de grandes perturbations dans l’échange des télégrammes.

La gutta-percha se place en plusieurs couches superposées, entre lesquelles on a soin de faire un enduit de chatterton, dont le but est de réunir intimement les diverses couches. Comme ce revêtement des fils s’est fait à chaud, afin de ramollir la gutta-percha et le chatterton, il faut, après l’opération, refroidir le câble, en le traînant dans des augets pleins d’eau fraîche. Après ce refroidissement, on le laisse encore plongé dans l’eau, pendant un temps assez considérable.


La gutta-percha a été longtemps la seule matière employée pour la confection de la gaine isolante des câbles sous-marins, parce qu’elle possède la qualité fondamentale de se conserver indéfiniment sous l’eau. Mais depuis quelques années, le caoutchouc a été substitué, dans certaines usines, à la gutta-percha. Les câbles du système Hooper sont isolés au moyen de caoutchouc, que l’on vulcanise, pour lui communiquer une plus grande résistance mécanique.

La vulcanisation se fait à la température de + 120°. Le caoutchouc étant mis en présence de 6 pour 100 de soufre et 10 pour 100 de sulfure de plomb, on y ajoute environ 25 pour 100 d’oxyde de fer, dont la présence suffit à préserver les fils de cuivre contre la sulfuration qui proviendrait de la vulcanisation du caoutchouc.

Le caoutchouc a l’avantage de donner au câble une rapidité double, dans l’échange des signaux, parce qu’il possède une capacité inductive relativement très faible. Expliquons cette particularité.

On sait, et nous l’avons suffisamment expliqué dans notre Notice des Merveilles de la science, qu’un câble sous-marin est une véritable bouteille de Leyde, dans laquelle le courant intérieur agit, par influence, à travers le corps non conducteur interposé sur les fils métalliques qui forment son armature. À l’extérieur, règne sans cesse un courant électrique, de nom contraire à celui qui parcourt le fil intérieur ; et c’est ce courant extérieur qui, paralysant le courant principal, et diminuant son intensité, retarde le passage de ce dernier. Or, le caoutchouc possède une propriété inductive beaucoup plus faible que la gutta-percha. Dans un câble isolé par le caoutchouc, le courant principal est donc beaucoup moins influencé et moins retardé que dans un câble isolé par la gutta-percha. De là la préférence que l’on tend à donner aujourd’hui au caoutchouc, dans la confection des câbles sous-marins.


Au-dessus de la matière isolante, quelle qu’elle soit, on prend toujours la précaution, avant de confectionner la carcasse métallique, d’enrouler, avec un serrage assez grand, une et même deux couches de chanvre imbibé de tannin. Cette interposition d’une matière élastique, donne plus de souplesse au conducteur.