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posé de deux plaques métalliques rectangulaires, dans lesquelles sont implantées des pointes de cuivre blanchies à l’étain. Des entre-toises maintiennent les pointes à une très faible distance les unes des autres.

Ces deux appareils accessoires ont permis d’éliminer les effets produits par les courants anormaux et accidentels.

L’appareil du Dr Herz n’étant jamais entré dans la pratique, nous n’en pousserons pas plus loin l’examen.


On doit à un ingénieur des télégraphes belges, M. Van Rysselberghe, d’importantes recherches pour préserver les fils télégraphiques de l’influence perturbatrice des courants induits, résultant du voisinage des fils télégraphiques.

Les courants téléphoniques, au lieu d’être lancés et interrompus brusquement par les appareils, sont gradués, au moyen de résistances que l’on intercale successivement dans le circuit, au moment de la fermeture, et que l’on retire de la même façon, au moment de l’ouverture du circuit.

Rien n’est changé dans le mode de transmission ; seul, le manipulateur, convenablement agencé, opère automatiquement les commutations nécessaires.

Bien qu’il fournisse une solution pratique suffisante, ce système avait l’inconvénient d’exiger des manipulateurs d’une construction spéciale. M. Van Rysselberghe a donc cherché à résoudre le même problème en n’employant que des appareils ordinaires. De plus, ayant reconnu que les courants téléphoniques et télégraphiques lancés simultanément sur un même fil, dans le même sens ou en sens inverse, ne se mélangent point, et peuvent être séparés, ce physicien est arrivé à un résultat très remarquable. La puissance d’un réseau télégraphique peut être plus que doublée, sans rien changer à la ligne, puisque, avec l’adjonction pure et simple d’un petit nombre d’appareils accessoires dans chaque poste, et d’une paire de téléphones, on peut à la fois téléphoner ou télégraphier, c’est-à-dire parler et écrire simultanément.

Tout le système est basé sur l’emploi d’une bobine, dont le mode d’enroulement a pour effet d’ajouter la puissance des courants téléphoniques et de neutraliser les courants télégraphiques.

C’est là, il faut le reconnaître, une des plus intéressantes découvertes qui aient été faites de nos jours en télégraphie et téléphonie. Et nous ajouterons que cette conception n’est pas uniquement théorique ; car aujourd’hui, en Belgique et en Amérique, où M. Van Rysselberghe est allé mettre sa méthode en pratique, l’envoi simultané des dépêches télégraphiques et téléphoniques se fait d’une manière régulière dans le service.

Cependant, en ce qui touche la simple transmission des dépêches téléphoniques à grande distance, la nécessité de munir des appareils anti-inducteurs de M. Van Rysselberghe chacun des fils conducteurs télégraphiques, fixés aux mêmes poteaux, pour combattre l’influence des autres fils portés sur le même poteau, nécessite une grande dépense.

Aussi les appareils de M. Van Rysselberghe pour la téléphonie à grande distance n’ont-ils jusqu’ici trouvé d’applications que sur quelques lignes de la Belgique, mises, à titre d’essai, à la disposition de l’inventeur. Quand on créa, en 1887, un service téléphonique de Paris à Bruxelles, on renonça à tout système préventif des courants d’induction, et on se décida à tendre entre ces deux villes un fil spécial, sans aucun rapport avec les lignes télégraphiques, en le maintenant à une distance convenable des fils du télégraphe.

Le fil spécialement affecté à la téléphonie de Paris à Bruxelles est en bronze silicieux, alliage dont nous avons parlé dans le chapitre des accessoires de la télégraphie électrique. Cet alliage est plus résistant que