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sance, s’était déjà répandue sur toute l’étendue du globe, et avait pris possession de toutes les localités importantes, chez tous les peuples civilisés des deux mondes. Il n’est aucun exemple d’une découverte qui soit entrée aussi rapidement dans la pratique et les habitudes des nations.




CHAPITRE XIV

la téléphonie à grande distance. — influence des fils télégraphiques voisins sur les transmissions téléphoniques. — perturbations causées par les courants d’induction. — moyens employés par la société générale des téléphones pour supprimer les effets d’induction. — systèmes de mm. brasseur, hughes, herz, van rysselberghe. — création de la correspondance téléphonique entre les villes. — le service téléphonique de paris à bruxelles et de paris à marseille. — la téléphonie inter-urbaine à l’étranger.

Pour que le téléphone accomplît son dernier progrès, il fallait qu’il parvînt à franchir des distances considérables. Nous allons examiner, dans ce chapitre, par quels moyens ce dernier pas a été fait, et dire entre quelles villes d’Europe la correspondance par le téléphone est déjà établie.

La difficulté qui empêchait d’étendre à de très grandes distances la portée du téléphone, c’était l’influence que les courants électriques qui parcourent les fils télégraphiques exercent sur le fil consacré au transport de la parole.

Lorsque, dans un circuit télégraphique, on fait passer une série de courants, brusquement interrompus, ou d’intensité très variable, s’il existe, dans son voisinage, des fils parcourus par les ondulations sonores du téléphone, les ondulations sonores téléphoniques sont influencées, troublées par ces courants voisins.

Il résulte de ce phénomène une perturbation grave dans les communications téléphoniques, puisque l’on peut entendre, dans presque tous les cas, les coups de clefs des appareils télégraphiques, joints à un bruissement qui trouble l’audition.

Pour parer à cet inconvénient, on a essayé bien des procédés. Le plus efficace est celui qu’emploie la Société générale des téléphones, qui a pris, ainsi que nous l’avons dit plus haut, le parti de supprimer le retour du courant par la terre, c’est-à-dire a réuni dans une même gaine isolante le fil d’aller et le fil de retour de chaque ligne. De cette façon, les effets d’induction produits par les circuits télégraphiques voisins donnent lieu à deux courants égaux et de sens inverse : dès lors, ces courants s’annulent, et les lignes restent indépendantes de toute influence étrangère.

Cette solution du problème est séduisante, mais elle est très onéreuse, puisque l’emploi du second fil, à l’exclusion du retour par la terre, double le prix de l’installation.

M. Brasseur est parvenu à détruire l’induction en la compensant au moyen de condensateurs et de résistances aboutissant à la terre par les extrémités d’un fil relié à celui du téléphone.

Plus tard, M. Hughes imagina, dans le même but, mais en employant deux fils parallèles, de terminer d’un côté les lignes téléphoniques par deux bobines plates. Dans ces conditions, lorsqu’un courant vient à passer dans l’une des bobines, il engendre dans l’autre un courant induit, de sens contraire. Si les spires des bobines sont dans le même sens, le courant induit de la bobine d’une ligne s’ajoutera au courant induit dans la partie droite de cette ligne ; mais si les spires sont dans le sens contraire, ces deux portions du courant induit d’une même ligne seront de sens contraire. Il suffira donc de calculer la longueur de ces spires et l’écartement d’après la distance et la longueur des deux parties droites de ces lignes, pour annuler l’induction dans celle-ci.

Le Dr Herz a construit un appareil qui permet de supprimer les courants d’induc-