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CHAPITRE XII

découverte du microphone par m. hughes. — son application comme transmetteur téléphonique. — microphone transmetteur de mm. hughes, crossley et ader. — description du téléphone à transmission microphonique. — le téléphone ader-bell en usage en france.

C’est en 1877 que M. Hughes, physicien anglo-américain, déjà célèbre par l’invention du télégraphe imprimeur[1], découvrit le microphone, instrument qui amplifie considérablement les sons, quand ceux-ci résultent de vibrations transmises mécaniquement par des corps solides.

Le microphone découvert par M. Hughes consiste en un crayon de charbon, dont les deux extrémités sont taillées en pointe, et sont fixées, en haut et en bas, entre deux supports de même matière. Les points de contact sont ainsi tellement mobiles que le plus petit déplacement du crayon modifie sa position et le met en vibration. Si un courant électrique traverse le crayon, ce courant est interrompu ou rétabli un grand nombre de fois, dans un court espace de temps.

Fig. 461. — Microphone de Hughes.

Tel qu’on le voit dans les cabinets de physique, le microphone se compose (fig. 461) d’un crayon de charbon, C, soutenu en haut et en bas, entre deux crapaudines de charbon, g, g′. Le crayon, taillé en fuseau à ses deux extrémités, ne repose que par ses pointes entre les deux crapaudines de charbon. Il est, dès lors, d’une prodigieuse mobilité dans les godets qui le renferment, et peut ballotter dans les trous supérieur et inférieur. Des contacts métalliques en rapport avec les charbons supérieur et inférieur sont en communication avec un fil conducteur, aboutissant à une pile P.

Quand un courant électrique traverse ce système, le circuit est interrompu et rétabli alternativement, pendant les vibrations du crayon, lequel s’agite sans cesse entre les godets qui le supportent.

Si, pendant le passage du courant électrique, on fait parcourir ce système par les ondulations sonores de la voix, les plus faibles sons que l’on fait entendre à proximité sont transmis au récepteur d’un téléphone T, que l’on a relié au fil conducteur, mais singulièrement amplifiés. Une mouche, qui se promène sur la table sonore A, fait entendre un très fort bourdonnement ; un coup d’épingle retentit comme un coup de marteau.

Dès que le microphone fut connu, on songea à en faire un transmetteur téléphonique, pour remplacer le transmetteur de Graham Bell. À partir de ce moment, le téléphone magnétique de Graham Bell fut conservé comme récepteur, mais le microphone lui servit de transmetteur.


Un des premiers transmetteurs microphoniques qui aient été construits est celui de M. Crossley, fort en usage aujourd’hui en Angleterre. C’est un assemblage (fig. 462) de quatre petites baguettes de charbon, C, C, disposées en losange derrière une planchette mince de sapin, B, et soutenues par quatre blocs de charbon, entaillés, qui les réunissent.

  1. Voir les Merveilles de la science, t. II, pages 136 et suivantes.