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à de grandes distances — et c’est le cas général, — le simple téléphone de Graham Bell est insuffisant.

De là les nombreux travaux qui furent entrepris, depuis 1876, pour augmenter la portée de l’instrument primitif.


Le perfectionnement le plus important qui ait été apporté au téléphone de M. Graham Bell, consiste dans l’emploi de la pile voltaïque. Un courant électrique lancé dans le fil qui transmet les ondulations sonores produites à l’intérieur de l’aimant, permet de lutter contre les courants anormaux qui se développent dans ces fils, par différentes influences.

La première idée de l’emploi de la pile pour renforcer les courants ondulatoires, c’est-à-dire les ondulations sonores, appartient à M. Edison, qui, dès l’année 1876, construisit le premier téléphone à courant électrique.

C’est dans le magnifique laboratoire de Menlo-Park, près de New-York, que M. Edison perfectionna ainsi le téléphone de Bell.

Comme récepteur du téléphone, M, Edison conserva celui de M. Graham Bell, mais son transmetteur est tout différent.

Le transmetteur téléphonique de M. Edison est fondé sur les variations de résistance électrique produites par les variations de pression qu’exerce la plaque de fer vibrante sur une pastille de charbon, lorsqu’on parle devant l’embouchure de l’instrument. La membrane métallique qui reçoit les vibrations de la voix, repose sur un petit disque de charbon, composé de noir de fumée de pétrole. Les mouvements oscillatoires de la plaque se transmettent au charbon, et les différences de pression produites par ces oscillations, font varier la résistance électrique du disque intercalé dans le circuit de la pile, et du récepteur, qui vibre synchroniquement avec le transmetteur. En outre, M. Edison appliqua à son transmetteur une disposition déjà employée par Elisha Gray. Il ajouta une petite bobine d’induction, qui reçoit le courant électrique, lorsqu’il a traversé le disque ; ce qui paraît augmenter, dans une certaine mesure, la puissance de la transmission.


L’adjonction d’un courant électrique aux simples courants ondulatoires magnétiques, mis en œuvre dans le téléphone magnétique de Graham Bell, accrut d’une manière inespérée la portée du téléphone. Seulement, le téléphone à pile et à transmetteur à pastille de charbon inventé par M. Edison, n’eut aucun succès, et ne put jamais entrer dans la pratique. Son transmetteur à charbon fonctionnait mal, et le récepteur qu’il avait proposé, fonctionnait plus mal encore ; de sorte qu’Edison dut en revenir au récepteur ordinaire de Graham Bell, ou à sa modification de forme, c’est-à-dire à la disposition de l’aimant en demi-cercle, imaginée par M. Gower.

On a vainement essayé divers transmetteurs à charbon. Les dispositions proposées par MM. Pollard et Garnier, par M. Ader, par M. Boudet (de Paris), Blake et Hopkins, donnèrent des résultats supérieurs à ceux du transmetteur à charbon d’Edison, mais la portée des ondulations sonores en était peu augmentée.

Même avec l’addition du courant électrique, le téléphone n’aurait donné lieu qu’à des applications de peu d’importance, sans la découverte d’un admirable instrument, le microphone, qui vint apporter le puissant transmetteur que la science attendait.

C’est ce qui va être expliqué dans le chapitre suivant.