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Fig. 453. — Premier téléphone de Graham Bell (transmetteur).
Fig. 454. — Premier téléphone de Graham Bell (récepteur).

Le transmetteur (fig. 453), qui était réversible, c’est-à-dire susceptible de fonctionner indifféremment comme récepteur et comme transmetteur, se composait d’un électro-aimant, E, dont l’armature, constituée par un disque mince de fer, se trouvait placée au fond de l’ouverture d’un pavillon, P. On pouvait tendre ce disque de fer servant d’armature, à l’aide d’une vis, V.

Le récepteur (fig. 454) consistait en un électro-aimant tubulaire, A, de forme cylindrique. Le fil conducteur du courant pénétrait dans l’intérieur du tube. L’armature, BC, de cet électro-aimant, se trouvait au-dessus du cylindre ; ce qui donnait à l’appareil l’aspect d’une boîte dont l’armature était, en partie, le couvercle, C.

M. Graham Bell fit le premier essai de ce téléphone dans la salle des conférences de l’Université de Boston. Le transmetteur était disposé dans la salle même, et le récepteur dans une pièce de l’étage inférieur, où se tenait un élève, prêt à répondre aux questions du maître. M. Graham Bell, très ému, ayant prononcé devant l’embouchure du transmetteur, ces mots : « Comprenez-vous ce que je dis ? » fut très agréablement surpris, en entendant cette réponse, un peu confuse, mais cependant très perceptible : « Je vous entends ».

La joie qu’éprouva notre inventeur est difficile à décrire, mais on se l’imaginera sans peine, en songeant à l’importance d’une aussi merveilleuse découverte : le transport à distance de la voix humaine !

Le téléphone magnétique de M. Graham Bell fut présenté par l’inventeur, à l’Exposition internationale de Philadelphie, en 1876. Le célèbre physicien de Londres, Sir William Thomson, qui se trouvait en Amérique, à cette époque, eut le mérite de deviner toute la valeur de ce nouvel instrument.

Voici ce qu’il écrivait à l’Association britannique de Glasgow :


« Au département Canadien, j’ai entendu la parole moyennant un fil télégraphique. C’est certainement la plus grande merveille de la télégraphie électrique ».


M. Graham Bell s’occupa de prendre un brevet pour son appareil, en Angleterre et en Amérique. Dans ce but, il pria le ministre des États du Canada, M. Brown, qui, au mois de septembre 1875, se disposait à partir pour l’Europe, de prendre, en Angleterre, un brevet en son nom, pendant que lui-même en prendrait un autre en Amérique. Malheureusement, M. Brown mourut à Londres, avant d’avoir pu exécuter sa promesse ; ce qui mit M. Graham Bell dans l’impossibilité