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interrupteur de courant, éprouve une série de contacts et de disjonctions avec la membrane vibrante. Ces alternatives de contact et d’écartement se transmettent à la tige F du récepteur, par le fil conducteur, m, de la pile, P ; après que le courant a traversé l’électro-aimant B, lequel agit comme un relais, pour accroître la puissance du courant. La tige F du récepteur, qui est un électro-aimant d’une certaine puissance, éprouve ainsi des aimantations et des désaimantations successives, correspondant à celles du transmetteur, et il se produit des résonnances vocales ou instrumentales parfaitement semblables à celles que l’on a fait entendre devant le pavillon E.


Le téléphone de Philippe Reis n’eut pas le succès qu’il méritait. Personne ne sut entrevoir l’avenir réservé à ce remarquable appareil, que les physiciens allemands regardèrent comme un simple perfectionnement du vibrateur de Page.

Il existe en Allemagne un recueil scientifique qui fait autorité, les Annales de physique de Poggendorff, publication à peu près équivalente à nos Annales de chimie et de physique, et dans laquelle sont publiés tous les travaux de physique ayant une véritable valeur. Philippe Reis sollicita de Poggendorff l’insertion de son mémoire dans ce recueil magistral ; mais Poggendorff ne daigna pas donner asile à l’œuvre d’un pauvre instituteur, inconnu du monde savant.

Philippe Reis, découragé, abandonna son idée, et le 14 janvier 1874, une maladie de poitrine emporta le pauvre instituteur, au moment où il allait présenter son nouvel appareil à l’Association des naturalistes allemands. Tel est le sort que réserve trop souvent aux hommes de génie l’implacable destinée !


M. Graham Bell, qui connaissait les travaux de Reis sur la transmission du son, chercha à résoudre ce problème mieux que son prédécesseur, et il eut le bonheur d’y parvenir.

Fig. 452. — Graham Bell.

Le premier appareil que construisit M. Graham Bell, en 1874, de concert avec le docteur Blake, n’était autre qu’une modification du téléphone de Reis et du phonautographe de Léon Scott. Il représentait, quant à la forme, une oreille, dont le tympan, formé par une membrane flexible enduite de glycérine, faisait vibrer un léger style. En parlant, ou en chantant devant cette membrane, le style reproduisait exactement, sur une plaque de verre noircie, toutes les vibrations de l’air ébranlé par la voix.

Peu satisfait de cet incomplet résultat, M. Graham Bell combina, l’année suivante, un véritable téléphone. L’appareil auquel il s’arrêta comprenait deux parties distinctes : le transmetteur et le récepteur.