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à cette époque, professeur de physique dans une école de Friedrichsdorf, où, quelques années auparavant, il était entré comme élève. Tout en faisant ses cours et dirigeant ses classes, il s’occupait de musique, et c’est en répétant l’expérience de Page que lui vint l’idée de transmettre au loin les sons musicaux, au moyen des émissions et interruptions d’un courant électrique.

L’appareil que construisit Philippe Reis, à l’école de Friedrichsdorf, était rudimentaire, il est vrai, mais il n’en fit pas moins l’admiration de la Société libre allemande de Francfort et de l’Association des naturalistes allemands, auxquels l’inventeur les présenta, en 1862 d’abord, puis en 1864.

Tel que l’ont perfectionné MM. Yeates et Vander, le téléphone[1] de Reis consiste en deux instruments distincts : le transmetteur des sons et le récepteur (fig. 451).

Fig. 451. — Téléphone de Reis (transmetteur et récepteur).

Le transmetteur se compose d’un tube E, débouchant dans une boîte sonore A, à la partie supérieure de laquelle se trouve une membrane bien tendue a, b, c, qui vibre à l’unisson des ébranlements qu’elle reçoit. Au centre de cette membrane est un petit disque de platine, o, qui communique, par la borne m, avec l’un des pôles d’une pile voltaïque P, et qui transmet le courant au fil de ligne, chaque fois que la membrane soulevée par les sons émis devant l’embouchure de l’instrument vient à rencontrer l’extrémité du fil conducteur aboutissant à la borne m. L’autre pôle de la pile est relié à la terre.

Le récepteur est constitué par une tige de fer F, autour de laquelle est enroulé un fil de cuivre, recouvert de soie. Cette tige portée sur deux chevalets, d, d, est placée sur une boîte creuse très sonore, D, qui renforce les vibrations produites par les interruptions successives du courant dans la tige métallique. Le fil de ligne arrive à l’une des extrémités, f, de la spirale de cuivre, et le circuit est complété par l’autre extrémité, qui communique à la terre.

Ce récepteur reproduit synchroniquement toutes les vibrations de la membrane a, b, c, de l’appareil de transmission, et cela à tel point que la mesure et la tonalité des mélodies sont fidèlement exprimées.

Quand on parle, qu’on chante, ou qu’on joue d’un instrument devant l’embouchure E, du transmetteur, la membrane a, b, c, qui recouvre la boîte sonore A, entre en vibrations, par l’effet des mouvements de l’air occasionnés par la parole, à l’intérieur de la boîte. Pendant ces vibrations la pointe de la tige et du disque o, qui est un véritable

  1. Le mot téléphone (du grec τῆλε, loin, et φωνὴ, voix) appliqué à un instrument de physique a été employé pour la première fois par Philippe Reis. Cependant, F. Sudre avait déjà appelé téléphonie un système de télégraphie acoustique dont il est l’inventeur, et que nous avons longuement décrit dans les Merveilles de la science (Le Télégraphe aérien, tome II, pages 69-76).