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l’Australie et l’Amérique du Nord, là où le bois est vite détruit par les insectes, on ne se sert que de poteaux de fer, qui ont, d’ailleurs, l’avantage de pouvoir s’expédier par mer, en grande quantité, sous un petit volume.

Ces poteaux sont fabriqués en Angleterre, dans l’usine de MM. Siemens frères, d’où on les expédie dans les différentes parties du monde.

La figure ci-dessous représente le poteau tubulaire en fer creux, qui se compose de quatre parties : 1o la base b ; 2o le socle t en fonte ; 3o le tube supérieur t′, en fer forgé ; 4o enfin le paratonnerre P, aussi en fer forgé.

Fig. 446. — Poteau télégraphique en fer.


La base est formée de plaques de fer rivées ensemble. Elle joint à une grande rigidité une élasticité qui lui permet de céder à des tensions soudaines et excessives. Le tube inférieur diminue de diamètre vers sa partie supérieure, qui se termine par une bague dans laquelle ira s’ajuster la partie supérieure tubulaire du poteau. Cette partie est fixée au tube inférieur par un ciment composé de soufre et d’oxyde de fer. Le tube supérieur est formé d’un feuillet de fer, dont la couture est jointée à la forge ; il est conique et se termine par une bague qui sert à recevoir le paratonnerre.

Ces poteaux coûtent trois fois autant qu’un poteau en bois de même force, mais leur durée est bien supérieure.

Les poteaux télégraphiques en fer sont limités à certaines latitudes. En Orient, en Égypte, par exemple, on les préfère aux poteaux de bois, trop sujets à l’attaque des insectes. En Europe, sauf quelques cas particuliers, on s’en tient aux poteaux en bois.

Les bois employés sont le pin, le sapin, le chêne, le mélèze, injectés de créosote ou de sulfate de cuivre, d’après la vieille et excellente méthode Boucherie. Le mélèze est le meilleur bois pour la télégraphie, mais il ne se prête pas aussi facilement que les autres substances à l’injection des substances conservatrices, qui s’opère, comme on le sait, au moment où l’arbre vient d’être abattu.

En France, le pin ou le sapin, injectés au sulfate de cuivre, sont les seuls bois employés pour les poteaux télégraphiques, à cause de la modicité de leur prix et de la régularité de leur forme. C’est du mois de décembre au mois de mars, lorsqu’ils possèdent une sève très fluide, et qu’on a pu les injecter sur pied avant leur abattage, que l’on coupe les pins et les sapins, et c’est du 1er mai au 1er décembre qu’on les débite, sous forme de perches.

En Angleterre c’est le mélèze de trente à quarante ans qui est préféré. Il faut que l’arbre soit abattu en hiver, et conservé pendant un temps suffisant à l’abri de l’humidité, après qu’il a été injecté au sulfate de cuivre. On empile les poteaux injectés, de manière que l’air y circule facilement. La rangée