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Aujourd’hui, comme nous le disions plus haut, les fils dont on fait usage sur nos lignes télégraphiques sont en fer galvanisé, de 4 millimètres de diamètre ; mais ceux qui sont tendus le long des chemins de fer n’ont que 3 millimètres. En revanche, ceux qui servent aux lignes internationales ont de 5 à 6 millimètres.

Ces fils sont fournis par les fabricants, en rouleaux, du poids de 20 kilogrammes au moins, sans joints, ni soudure. Chaque pièce de 20 kilogrammes forme un rouleau, ayant 60 centimètres de diamètre intérieur, et maintenu par trois liens.

Le fil de 4 millimètres doit pouvoir supporter, sans se rompre, un poids de 450 kilogrammes, et le fil de 5 millimètres un poids de 650 kilogrammes. Dans ces épreuves, le fil devra s’allonger au moins de 2 pour 100 de sa longueur.

Il doit être assez tenace pour résister à la rupture dans les conditions ordinaires, et assez souple pour s’enrouler facilement quand il s’agit de raccorder deux bouts.

Pour reconnaître si un fil fourni par le fabricant est composé de fer de bonne qualité et bien recouvert, sans tache ni gerçure, et s’il a la résistance mécanique voulue, on le soumet à deux genres d’essais. Le premier consiste à déterminer l’allongement qu’il peut prendre sans se rompre, le second à évaluer le nombre de torsions qu’il peut recevoir. Pour cela, le fil est enroulé sur un tambour ; de là il est tiré alternativement sur trois, cinq ou six poulies à gorge, et il vient s’enrouler sur un deuxième tambour, que l’on fait tourner avec une vitesse supérieure d’environ 2 pour 100 à celle de la poulie. Le fil est ainsi fortement tendu, et l’on mesure son allongement, en même temps que l’on constate sa rupture ou sa résistance.

La galvanisation du fer le préserve facilement de l’oxydation. Les différents essais que l’on a faits en Angleterre, pour remplacer la galvanisation par la peinture ou le goudron, n’ont donné que de mauvais résultats. On en est donc revenu à la galvanisation, bien qu’elle rende, dit-on, le métal un peu aigre, et diminue sa facilité d’extension.

Les fils de fer galvanisé peuvent durer vingt ans sans aucune détérioration, en rase campagne, et à l’abri de la fumée de la houille. Mais à l’intérieur des villes et dans les localités manufacturières, le long des voies ferrées, et près des usines, où elles sont exposées à l’action de la fumée du charbon, enfin sous les tunnels, dans les tranchées et près des gares, la couche de zinc est assez vite altérée. En certains points, un fil de 4 millimètres ne dure pas plus de quatre ans. Dans les villes manufacturières, il faut employer des fils de diamètre de 4 à 5 millimètres au moins.

On a souvent fait usage, dans les longues portées, de fils tordus en cordon ; mais un cordon s’oxyde beaucoup plus facilement qu’un fil unique, et la fumée le détériore très rapidement.

Quand les portées sont trop grandes pour le fil ordinaire, on se sert de fil d’acier.


Les qualités électriques et mécaniques des fils en bronze silicieux permettent de croire que les fils de fer ne conserveront pas longtemps le monopole des transmissions télégraphiques. Comme les appareils télégraphiques à transmission rapide tendent à être préférés partout, il faudra des fils très bons conducteurs, et leur surface devra être assez réduite pour donner le moins de prise possible aux phénomènes d’induction ; c’est ce qui amènera la généralisation des nouveaux fils.

Poteaux. — Depuis quelques années, on a fait, en Angleterre et en France, un grand nombre d’essais, pour remplacer par des poteaux en fer les longues perches de bois qui, dans presque tous les pays, servent de supports aux fils télégraphiques. Ces essais n’ont pas donné de très bons résultats en Europe ; mais dans les Indes Orientales, dans