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lation et sans qu’elle perde de sa force. C’est ce qui l’a fait préférer à la pile de Daniell, toutes les fois qu’on n’a pas le moyen de la surveiller, et sur des lignes télégraphiques qui ne fonctionnent pas d’une manière continue. Tel est le cas du téléphone et des sonneries électriques. Aussi la pile Leclanché est-elle aujourd’hui presque la seule en usage pour ces deux applications spéciales.

Pour la télégraphie, la pile Leclanché n’est bonne que si on la limite à des lignes de peu de longueur.

Si l’on a besoin d’un courant d’une grande intensité sur un court circuit, il faut faire usage d’une pile au bichromate de potasse, malgré les irrégularités de son courant. La pile au bichromate de potasse est environ deux fois plus forte que la pile de Daniell, et elle ne donne lieu à aucun dégagement de vapeur ; mais son irrégularité empêche de l’employer dans les conditions ordinaires du service. Dans quelques postes télégraphiques de l’Allemagne du Nord, on a eu recours à cette pile, mais son usage ne saurait se généraliser.


On voit, en résumé, qu’aucune pile particulière ne saurait prétendre au monopole du service des lignes télégraphiques. Chacune a des avantages, dont on tire parti pour les lignes à desservir. La pile de Daniell est la plus sûre, quand on a besoin d’un courant faible et continu, sur une ligne d’une médiocre étendue. La pile Minotto parait rendre de réels services dans les Indes, et elle est la plus avantageuse pour les stations des câbles sous-marins. La pile Leclanché est bonne lorsqu’il s’agit d’obtenir une action brusque et subite. Si la ligne a des parties isolées ou des appareils marchant difficilement, et qu’on ait besoin d’un courant encore plus brusque et plus rapide que celui de la pile Leclanché, la pile au bichromate de potasse est indispensable.

M. Caël, inspecteur du service télégraphique, a publié le résultat d’expériences faites pendant trois ans sur les lignes de Lille à Dunkerque et de Bruxelles au Havre, pour comparer les piles Callaud, Marié-Davy et Leclanché. M. Caël conclut de ses observations, que la pile Leclanché est préférable à toutes les autres, en raison de son économie, de la facilité de son entretien, du bas prix des sels qui entrent dans sa composition, et des bons résultats qu’elle a fournis dans son application simultanée à plusieurs circuits d’égale résistance.

Fils. — Le conducteur employé pour les lignes télégraphiques aériennes est encore généralement, comme au début de l’art qui nous occupe, un fil de fer galvanisé, c’est-à-dire recouvert d’une couche de zinc, qui le préserve de l’oxydation. Son diamètre varie suivant les circonstances. Pour les lignes importantes, le fil de fer galvanisé a de 4 à 5 millimètres de diamètre.

Plus un fil est fin, plus on doit apporter de soin à le bien isoler ; car son petit diamètre augmente la résistance au passage du courant. On a reconnu que de deux fils également isolés et de même longueur, l’un de 4 millimètres de diamètre, l’autre de 5, le premier fonctionne mal, tandis que l’autre donne de bons résultats. Un fil trop mince s’oxyde assez promptement ; il se coupe quelquefois par le frottement, sur les supports isolants, ou bien il s’allonge, en s’amincissant, au point d’appui, quand les portées sont trop longues.

Pour les lignes courtes et de longue portée, on a fait quelquefois usage de fil d’acier, en raison de sa plus grande ténacité.

On sait que le cuivre est bien meilleur conducteur de l’électricité que le fer ; cependant on a toujours écarté le cuivre, comme conducteur aérien, par suite de sa ténacité inférieure à celle du fer, et de son prix. Pour combiner l’excellente conductibilité électrique du cuivre avec la ténacité de