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notre réseau. Ce sont des flacons de cristal de grande dimension, contenant la dissolution de sulfate de cuivre et les deux métaux réagissants.

Nous représentons (page 553) cette curieuse salle, d’après un dessin original.


Une modification de la pile de Daniell employée exclusivement dans les Indes anglaises et dans presque toutes les stations des Compagnies de câbles sous-marins est la pile Minotto, que nous avons également décrite et figurée dans le Supplément à la pile de Volta [1]. Pour l’usage de la télégraphie, la pile Minotto a la forme suivante. Dans un vase en gutta-percha, on dépose au fond une rondelle plate en cuivre, à laquelle est attaché un fil, formant électrode. Sur la plaque de cuivre on place du sulfate de cuivre en cristaux, et par-dessus, un séparateur, fait en papier buvard. Au-dessus du séparateur, on met de la sciure de bois bien tassée et humide, sur laquelle on pose le zinc, muni de son électrode.

Avec cette forme, la pile Minotto est très portative, et peut s’expédier dans les stations éloignées. Elle se maintient constante avec peu de soins. Elle est toujours employée pour les épreuves que l’on fait à la mer, des câbles sous-marins ; car elle n’a pas les inconvénients d’une pile à liquide, qui peut laisser écouler, pendant les expériences, une partie des corps réagissants.

On donne à la même pile une autre forme. Dans un vase de cuivre on dépose environ 3 kilogrammes de sulfate de cuivre, que l’on recouvre de sciure de bois de pin humide. Sur cette couche on place le zinc, dans lequel on a ménagé quelques trous. Ainsi disposée, la pile Minotto est tellement simple que l’employé le plus inexpérimenté peut la monter. Elle fonctionne de trois mois à un an, sans autre soin que de l’humecter d’eau de temps à autre. Elle est très utile sur les circuits courts, où il faut des courants continus.

La force électro-motrice de la pile Minotto est d’une remarquable constance, mais sa résistance électrique est assez prononcée, et varie selon l’épaisseur de la couche de sable ou de sciure de bois employée et le degré de compression de cette couche. Mais les lignes télégraphiques des Indes ayant une très grande longueur, la résistance électrique de cette pile n’a pas d’inconvénient.

La pile Minotto a remplacé l’ancienne pile à sable, qui était pourtant d’un usage très commode, et qui se composait, comme on le sait, de plaques de cuivre et de zinc contenues dans un vase rempli de sable, que l’on humectait avec de l’acide sulfurique étendu d’eau.


La pile Leclanché tend à se répandre dans la télégraphie. Nous avons dit, en décrivant dans ce volume la pile Leclanché [2], que la forme dite agglomérée, c’est-à-dire ne contenant point de vase poreux, est la plus commode. Pour les téléphones, la pile Leclanché est la seule en usage, et les grandes Compagnies de chemins de fer français l’emploient pour leurs engins électriques.

La force électro-motrice de la pile Leclanché est à celle de Daniell dans le rapport de 40 à 25. Mais la pile Daniell donne un courant moins constant que la pile Leclanché, et ne saurait agir avec autant de régularité. Sa résistance intérieure est beaucoup moindre que celle de la pile Daniell ; mais, d’un autre côté, si on l’emploie en circuit, elle se polarise.

Quand la pile Leclanché est inactive, les matières employées ne se consomment pas. On peut donc, en empêchant l’évaporation du liquide, s’en servir pendant plusieurs mois, sans lui faire subir aucune manipu-

  1. Page 406.
  2. Pages 396-398.