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que la roue, ou molette, qui porte les lettres d’imprimerie, vienne s’appuyer, au moment convenable, sur le papier, alors qu’elle doit réunir et combiner les mouvements des cinq armatures des aimants récepteurs, ainsi qu’on le voit sur la figure 436 (page 536) qui représente le récepteur-imprimeur Baudot. C’est là un problème difficile, que M. Baudot a parfaitement résolu, au moyen de relais, convenablement placés, actionnant un mécanisme particulier.

Ce mécanisme, qui a reçu le nom de combinateur, est la partie la plus originale du télégraphe Baudot.

Le combinateur se compose d’un disque horizontal fixe, sur lequel sont cinq travées concentriques de l’axe du disque, divisées chacune en deux voies, et séparées par des zones de même longueur que ces voies. Le tout est placé sur un cercle divisé en 360 degrés, sur lequel s’appliquent des secteurs.

Un chariot mobile parcourant ce disque actionne des leviers, qui, eux-mêmes, vont pousser les lettres typographiques par un mécanisme spécial, dans le détail duquel il serait difficile d’entrer ici. Bornons-nous à énoncer les conditions du problème, qui consiste à faire tourner la roue des lettres typographiques de manière à ce que chaque lettre vienne, au moment voulu, s’appliquer contre le papier tournant, et à dire que ce problème a été parfaitement résolu par l’inventeur.

Par son aspect extérieur, le récepteur-imprimeur Baudot diffère peu du récepteur-imprimeur du télégraphe Morse, comme on peut le voir sur la figure 436 (page 536), qui représente cet appareil. On voit que la roue B, qui porte les lettres typographiques, actionnée par la roue A, imprime chaque lettre sur le papier P, que déroule le mouvement régulier du rouleau porte-papier D. Le courant qui, venant du combinateur, fait tourner la roue des lettres typographiques, se distribue à l’intérieur de l’appareil par les tiges conductrices C, C.

Tels sont les organes essentiels du télégraphe Baudot, pour la transmission et la réception. Voilà comment les six employés d’un poste occupés, chacun, à manœuvrer six appareils transmetteurs, peuvent, sur le même fil, expédier des signaux aux six employés du poste d’arrivée, affectés à autant d’appareils récepteurs-imprimeurs.


En résumé, le télégraphe Baudot, dont nous n’avons fait qu’exposer les données principales, est une des plus belles créations de l’art moderne de la télégraphie. Tout, dans ce remarquable système, est conçu dans un même but, tout est solidaire, tout concourt à un fonctionnement régulier et irréprochable. Le principe de la division du travail et la concordance des divers opérateurs pour l’accroissement de la rapidité n’ont jamais été réalisés avec autant de bonheur.

Le dessin qui précède (fig. 437), pris au bureau central des télégraphes de la rue de Grenelle, à Paris, représente un poste de télégraphe Baudot. On y voit quatre employés ayant sous les yeux, sur un pupitre, le texte de la dépêche, manœuvrant, chacun, un clavier alphabétique (manipulateur) et ayant près de lui le récepteur, où s’imprime la dépêche envoyée par le correspondant.

Le distributeur est commun aux quatre appareils transmetteurs manœuvrés par les quatre employés. On reconnaît l’appareil que nous avons représenté plus haut (fig. 434, page 535) avec son régulateur hélicoïdal horizontal (pendule conique), son cercle de distribution, et le poids qui, en s’abaissant, par l’action de la pesanteur, communique le mouvement à tout ce système mécanique.

Sur une travée longeant le mur, et peu distante du poste en activité, sont les relais, le parafoudre et une boussole.

Le cinquième employé, debout, est le surveillant, chargé de s’assurer du bon fonctionnement des appareils de ce poste.

Tous les appareils télégraphiques que