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de 50 kilogrammes, qui, en s’abaissant, produit le mouvement de tous les rouages.


La vitesse de rotation d’un distributeur varie entre 155 et 180 tours par minute ; ce n’est pas un maximum, car pour le service de certaines lignes on a souvent atteint la vitesse de 210 tours.

En prenant comme moyenne le nombre de 165 tours par minute, et en se rappelant que chaque employé transmet ou reçoit une lettre par tour, on trouve que, dans ces conditions, le rendement d’un fil de ligne desservi par un appareil Baudot simple est de 165 lettres, ou 25 mots environ par minute, soit 1 500 mots à l’heure ; et pour un Baudot double, ou duplex, 3 000 mots.

Avec les appareils télégraphiques actuellement en usage, on obtient, par heure, les rendements suivants :

Morse simple, de 400 à 500 mots ; en double (duplex), de 800 à 1 000 mots.

Hughes simple, de 900 à 1 000 mots ; en double (duplex), de 1 800 à 2 000 mots.

Meyer simple, de 1 800 à 2 000 mots.

Wheastone simple, de 2 000 à 2 200 ; en double (duplex), de 2 600 à 3 000 mots.

Baudot simple, 1 500 mots ; et en duplex 3 000 mots.

Le télégraphe multiple de Baudot qui imprime, comme l’appareil Hughes, les dépêches en caractères typographiques, constitue, par son originalité, par sa précision et sa rapidité de transmission, l’une des inventions les plus ingénieuses de notre siècle. Aussi M. Baudot a-t-il obtenu, à l’Exposition internationale d’électricité de 1881, le diplôme d’honneur.

Nous allons essayer de faire comprendre son mécanisme, non dans son entier, ce qui exigerait un volume, mais dans ses données principales.


Le télégraphe Baudot peut fonctionner, soit à la manière ordinaire, comme le télégraphe imprimeur de Hughes, soit en duplex, par les procédés adoptés aujourd’hui, soit enfin comme appareil multiple. Dans ce dernier cas, qui est le plus fréquent, deux, trois, quatre, cinq, et même six appareils, avec le même nombre d’employés, peuvent transmettre ensemble leurs dépêches, sur un même fil. C’est ce cas particulier que nous considérons seulement ici.

Supposons deux postes de ce système disposés, pour la transmission multiple, aux extrémités d’une seule et même ligne. Ils seront desservis par six employés, manœuvrant six manipulateurs, six récepteurs-imprimeurs, et un distributeur commun. Voyons comment les signes envoyés sur le même fil, par les six employés, se succédant à tour de rôle, seront distribués sur le fil de ligne, et se transmettront à chacun des appareils récepteurs établis au poste d’arrivée.

Le manipulateur, représenté dans la figure 431, comprend un clavier à cinq touches, divisé en deux parties inégales, entre lesquelles se place une manette M, qui sert à mettre le clavier en état de repos ou d’activité, c’est-à-dire en état de transmettre ou de recevoir. Les trois touches placées à droite sont manipulées avec le doigt indicateur (index), le majeur et l’annulaire de la main droite ; celles de gauche, avec l’index et le majeur de l’autre main. La boîte AB contient les pièces qui mettent en relation les différentes touches du clavier, tantôt avec la pile, tantôt avec le fil de ligne. C’est un pupitre sur lequel le télégraphiste place le manuscrit de la dépêche à expédier.

Lorsque le distributeur, que nous décrirons plus loin, est dans la position convenable, les cinq touches du clavier lancent à volonté, sur la ligne, des courants négatifs, ou des courants positifs. Il s’ensuit qu’en attaquant une ou plusieurs touches à la fois, on peut produire 32 signaux distincts, résultant des 32 combinaisons possibles des cinq touches ; car le nombre des combinai-