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pêches de 30 mots sont poinçonnées sur un ruban continu et envoyées par le transmetteur à la fois et vice versa. Le fil de Londres à Birmingham, par exemple, peut envoyer quatre groupes, distincts de 12 dépêches chacune, et recevoir trois groupes semblables dans une heure. Cela équivaut à 84 dépêches de 30 mots chacune ; sur une moyenne de 5 lettres par mot, cela forme un total de 12 600 lettres, et 210 lettres par minute. Cela revient encore à 42 mots par minute, en y comprenant tous les accusés de réception et formalités d’usage.

« Une semblable rapidité n’exige qu’un personnel de cinq employés aux stations de réception et de transmission, à savoir : deux pour poinçonner les dépêches sur le papier bande, deux pour écrire et transmettre, et un cinquième pour manier l’appareil, accuser les réceptions, demander les répétitions.


Le système qui vient d’être décrit est employé sur plusieurs des grands circuits d’Europe, mais surtout en Angleterre. Son avantage principal consiste, non seulement dans sa grande exactitude, mais encore dans l’augmentation de vitesse qu’il procure. On peut dire qu’il double la capacité des fils. Malheureusement, il entraîne des frais supplémentaires. Quand il doit fonctionner plusieurs heures consécutives, il faut, pour son service, deux employés perforateurs, un employé ajusteur et trois écrivains au bout de chaque fil.


Un des télégraphes qui ont le mieux résolu le difficile problème de la transmission rapide au moyen de bandes perforées est l’appareil américain de MM. Foote, Bandal et Anderson, qui est exploité, depuis 1881, entre Boston et New-York, sur une ligne de 330 kilomètres.

Le principe de ce système consiste, comme celui du perforateur Wheatstone, à percer d’avance des bandes où la dépêche est inscrite en signes Morse.

On commence par fabriquer les bandes perforées, à l’aide d’un clavier semblable à celui d’un piano. Après quelques semaines de pratique, on peut percer des bandes avec une vitesse de 1 500 à 2 000 mots à l’heure. On place ces bandes perforées sur l’appareil transmetteur, lequel, au moyen d’une manivelle tournée à la main, les fait passer entre un système de roues et de balais de contact. Les trous du papier établissent les contacts électriques, et envoient dans la ligne, par un mécanisme qui n’est pas encore divulgué, une série de courants positifs ou négatifs, qui correspondent aux points et aux traits de l’alphabet Morse.

Le récepteur est tourné à la main.

La vitesse de la transmission, avec l’appareil américain, est, dit-on, de 1 000 à 1 200 mots par minute.


Ce même système a reçu, en Amérique, une simplification qui en augmente notablement l’efficacité. Elle consiste à confier aux expéditeurs eux-mêmes le soin de fabriquer leurs bandes perforées, et aux destinataires le soin de déchiffrer les bandes imprimées par l’appareil récepteur. Dans ce but, la Compagnie a fait établir, à l’usage de ses clients, des appareils perforateurs particuliers, d’une construction très simple, très robuste, qui portent le nom de perforateurs des gens d’affaires.

Grâce à ce moyen, chacun devient son propre télégraphiste. Chaque expéditeur perfore ses bandes ; et d’autre part, les dépêches reçues en signaux Morse ne sont plus transcrites au bureau de télégraphe. On remet la bande même au destinataire. Le rôle de la Compagnie se réduit donc à transmettre les dépêches par sa ligne, sans s’inquiéter des opérations de la perforation et de la transcription, ni même de la clef des signaux ; ce qui permet la télégraphie secrète.

Ce procédé a une conséquence originale. C’est que les dépêches se payent, non plus d’après le nombre des mots, mais d’après la longueur des bandes perforées.

Le télégraphe des gens d’affaires, qui est dérivé du besoin d’activer la vitesse de l’envoi et de la réception des dépêches, a un grand succès en Amérique. Les né-