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l’effet que nous venons d’indiquer, c’est-à-dire le transmetteur Wheatstone, est représenté en coupe théorique, et réduit à ses éléments essentiels, dans la figure 429.

Il se compose d’un balancier en ébonite, B, maintenu dans un mouvement oscillatoire, par l’entraînement des rouages de l’appareil. Deux goupilles (g et g′) fixées au balancier s’appuient sur les bras du levier, L et L′, qui oscillent ainsi à l’unisson avec B. Deux tiges verticales, t et t′ fixées aux extrémités des bras de levier, L, et L′, se meuvent de bas en haut, au-dessous de la bande, b, b′. Lorsque, dans leur mouvement, ces tiges rencontrent un des trous pratiqués dans la bande b, b′, elles passent au travers et envoient un courant (positif ou négatif) dans la ligne ; quand, au contraire, elles rencontrent un intervalle plein, elles sont arrêtées par le papier, substance non conductrice de l’électricité, et le courant se trouve interrompu.

Voici comment se produit l’émission ou l’interruption du courant. La tige T′, C, entraînée par le levier L′, fait mouvoir un disque D, en parfaite concordance avec le balancier B. Les deux segments métalliques du disque sont, bien entendu, parfaitement isolés par une bande centrale en ébonite. Deux leviers, M′ et M, en communication constante, le premier avec le pôle positif de la pile, P, et l’autre avec son pôle négatif, s’appuient contre l’une ou l’autre des deux goupilles, c′ c′, fixées sur chaque segment du disque D, et envoient dans la ligne, tantôt un courant positif, tantôt un courant négatif. Or, ces courants renversés se succéderaient sans interruption si la bande de papier perforé ne limitait pas le jeu des tiges t′ et t. Aux endroits où la bande ne porte pas de trous, les leviers, L′ et L, se trouvant arrêtés, maintiennent le disque D immobile, et empêchent ainsi le courant de passer dans la ligne ; mais là où la bande est perforée, un point donne un courant renversé à chaque oscillation, et un trait à chaque seconde oscillation. Alors, la tige t′ pénètre dans la perforation supérieure, et le courant renversé va à la ligne.

Le transmetteur est mis en mouvement par un poids. Il peut imprimer à la bande une vitesse de 20 à 130 mots par minute.

Le récepteur n’est autre qu’un récepteur Morse, encreur, très sensible, qui diffère des appareils ordinairement employés en ce que la molette imprimante marque l’empreinte. Cette molette est mue par un axe, mis en mouvement par des armatures, qui sont en fer doux et fixées aux pôles d’un aimant permanent. Ces armatures, qui se trouvent ainsi polarisées, sont engagées entre les branches d’un électro-aimant, qui reçoit les courants alternatifs lancés dans la ligne.

Lorsqu’elles ont été attirées par un courant ayant traversé l’électro-aimant, elles restent immobiles, jusqu’à ce qu’un courant contraire vienne les déplacer. Lorsqu’elles sont mises en mouvement, la molette imprimante est amenée au contact du papier, et y trace une ligne, jusqu’à l’envoi d’un courant contraire. Le point est formé par un courant momentané agissant sur la molette, et suivi d’un courant inverse très court, qui la remet en place. Un trait s’obtient par un courant court suivi d’un courant inverse, venant après un intervalle de temps.

Le Jacquard électrique de Wheatstone rend de grands services en télégraphie. Voici, sur cet appareil, quelques détails empruntés au journal anglais, The Nature :

« Pour se faire une idée de la valeur du système automatique rapide sur des lignes télégraphiques d’un développement considérable, il suffit de comparer, dans les mêmes conditions, l’appareil Morse avec le Jacquard électrique.

« Pour utiliser un appareil alliant une telle célérité de transmission à d’aussi puissants moyens d’enregistrement, il devenait nécessaire d’adopter un système spécial de transmission et de réception pour économiser le travail manuel et tirer du fil le maximum de rendement. Les dépêches passent donc en groupe à la machine qui doit les transmettre par le fil ; ce qui veut dire que pour un circuit d’une longueur de 500 kilomètres, 12 dé-