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établirent à Berlin des tubes qui, à l’imitation des tubes pneumatiques de Varley, fonctionnent à la fois par le vide et la pression de l’air.

L’établissement des tubes pneumatiques pour le service intérieur de la poste ou de la télégraphie eut lieu, à Paris, en 1867. La compression de l’air était obtenue par l’emploi de trois cuves en tôle, dont la plus grande, remplie par l’eau de la ville, pouvait encore exercer une pression de 1,6 atmosphère. Les deux autres cuves servaient de réservoirs, l’une pour l’air comprimé, l’autre pour le vide. On obtenait la dépression nécessaire dans la cuve plus petite, en y laissant écouler l’eau de la grande cuve.

Ce moyen était fort commode, mais il avait l’inconvénient de revenir fort cher, à cause du prix élevé de l’eau de la ville, employée comme agent de pression. Aussi lui substitua-t-on, vers 1880, des machines à vapeur, pour manœuvrer les pompes à air.

Aujourd’hui, la poste pneumatique est parfaitement organisée à Paris, et nous allons décrire, avec des dessins pris dans les bureaux télégraphiques et dans les ateliers, les appareils qu’elle met en œuvre.

Nous commencerons par faire connaître les appareils et les conduites servant à faire voyager les étuis à dépêches ; nous décrirons ensuite les usines à vapeur où s’effectuent la compression de l’air et le vide dans les tubes et les réservoirs, au moyen de machines à vapeur.


Nous représentons dans la figure 422 le bureau de poste pneumatique de la Bourse, à Paris, le plus important de tous ; car, tandis que les bureaux ordinaires ne renferment que quatre ou deux appareils, celui de la Bourse en renferme douze, disposés, ainsi qu’on le voit, en deux rangées parallèles, de six appareils chacune.

La ligne qui sert à l’envoi et à la réception des étuis à dépêches est double. Dans l’une, on aspire au moyen du vide les étuis, dans l’autre, on les pousse au moyen de l’air comprimé.

Les tubes composant cette double ligne sont en fonte ; leur diamètre est de 65 millimètres, et ils sont parfaitement alésés à l’intérieur, pour faciliter le glissement du piston. Leur rayon de courbure, pour la traversée des rues, n’est jamais moindre de trois mètres, et la pente qu’on leur donne ne dépasse pas cinq centimètres par mètre.

La compression de l’air dans l’une des conduites, ainsi que le vide, ou plutôt la simple raréfaction de l’air, dans l’autre, sont produits, comme il a été dit plus haut, dans une usine à vapeur par des pompes à air, actionnées par une machine à vapeur.


Les conduites de la poste pneumatique de Paris ont trouvé un asile commode et sûr à la voûte des égouts.

Cette vaste canalisation qui parcourt les profondeurs du sous-sol parisien ne renferme pas seulement le ruisseau infect des égouts. Elle reçoit encore les conduites pour la distribution des eaux, les fils de la télégraphie souterraine et le faisceau des conducteurs téléphoniques. Les tubes de la poste pneumatique sont encore venus s’y adjoindre. Paris est la seule ville au monde qui soit dotée de cette magnifique construction souterraine, qui, destinée, à l’origine, à ne recevoir que le tribut impur des eaux ménagères, les détritus des ateliers et les boues de la rue, a fini par donner abri aux appareils nouveaux qu’une science utilitaire a su créer, pour le plus grand bien-être des habitants des cités.

Les cartes-télégrammes, ainsi que les dépêches télégraphiques, ou manuscrites, venant de la province, et réunies à celles de Paris pour Paris, sont assemblées en un nombre suffisant, et enfermées dans un étui cylindrique en fer, garni de feutre. Le diamè-