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de télégraphie aérienne de Claude Chappe, exécuté avec une véritable bonhomie.

Tout se réduisait, en effet, à faire lire à distance, par une lunette d’approche, les différentes lettres des mots composant une phrase.

Le Télélogue du capitaine Gaumet se composait d’une lunette d’approche, posée en plein air, sur un trépied, et d’un grand carton, renfermant 27 feuilles de taffetas noir, pliées en deux. Sur vingt-cinq de ces feuilles se trouvaient tracées, en grands caractères d’argent, les vingt-cinq lettres de l’alphabet ordinaire. La vingt-sixième feuille était un grand carré d’argent, pour annoncer la fin d’un mot, et la vingt-septième un carré noir, désignant la fin d’une phrase.

Nous avons vu échanger des messages télélogiques par le capitaine Gaumet, le 4 juin 1882, jour du grand prix de Paris. La lunette de réception était placée sur les hauteurs du Trocadéro, où nous nous trouvions, et l’expédition des lettres se faisait de la pelouse du champ de courses de Longchamps. On reçut ainsi l’annonce du nom du cheval vainqueur.

Il fallait, avec ce système, quatre minutes environ pour recevoir une dépêche de vingt mots.

Mais ce procédé n’était, on le voit, qu’un retour enfantin au télégraphe aérien de Claude Chappe.




CHAPITRE IV

la télégraphie pneumatique

historique de la télégraphie pneumatique. — installation des tubes pneumatiques. — chariots. — appareils et machines pour condenser et raréfier l’air. — utilisation de l’air comprimé. — marche des trains. — le système pneumatique à l’étranger.

Comme suite au Supplément à la Télégraphie aérienne, nous placerons ici la description d’un système de correspondance en usage dans quelques villes d’Europe, particulièrement à Paris, à Londres, à Manchester, à Liverpool, à Berlin, etc., et qui consiste à se servir de l’impulsion de l’air ou de sa raréfaction, pour lancer dans des tubes souterrains des messages écrits.

La télégraphie pneumatique a pris, depuis quelques années, un développement considérable à Paris. On parle même de l’affecter au service des postes, pour les lettres ayant à circuler dans l’intérieur de la ville. L’examen des procédés et des appareils de la télégraphie pneumatique ne sera donc pas sans intérêt pour nos lecteurs.


Un inventeur français dont le nom est parfaitement oublié aujourd’hui, Ador, eut le premier l’idée de la télégraphie pneumatique. En 1852, Ador fit, dans le parc Monceau, à Paris, un essai de transport de petits colis par l’air comprimé.

Après lui, en 1854, un autre inventeur français, Galy-Cazalat, fit la même expérience, couronnée, d’ailleurs, du même succès. Galy-Cazalat prit alors, en France, un brevet pour le transport des dépêches par la pression de l’air.

Pendant la même année, un physicien anglais, Latimer Clark, prit un brevet, pour un système analogue ; et il établit à Londres des tubes, dans lesquels des étuis renfermant les dépêches étaient lancés par la pression de l’air, dans un tube vide, c’est-à-dire par aspiration, au lieu de l’être par refoulement, comme dans l’appareil de Galy-Cazalat.

En 1863, à Londres, le physicien Varley perfectionna ce mode de transmission. Il inventa la valve, qui, dans le système anglais, facilite l’envoi et la réception des étuis. La marche dans un sens se faisait au moyen du vide, et celle en sens inverse par l’air comprimé.

Enfin, en 1865, MM. Siemens et Halske