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reil à lunettes couplées de M. Lissajous, l’appareil à prisme de M. Cornu et beaucoup d’autres analogues. Parmi ces derniers, signalons ceux pourvus de grandes lentilles achromatiques sans corps de lunette. Ce système comprenait deux montures, l’une renfermant l’objectif d’émission et l’autre le manipulateur, le verre convergent et l’oculaire de vérification ; une lunette spéciale servait à la réception des signaux. Ces montures étaient placées sur une table, on cherchait par l’oculaire de vérification l’image de la station correspondante et on fixait les montures sur la table.

Deux membres de la commission, MM. Lissajous et Hioux, emportèrent un certain nombre de ces appareils lors de leur ascension en ballon (1er novembre 1870).

2o En province. — On fit des essais dans le midi de la France et en divers endroits. En novembre 1870, une commission fut nommée à Tours, pour étudier un système de signaux de nuit basé sur l’émission de rayons brefs ou longs permettant l’emploi du code Morse. On avait en vue de communiquer avec la capitale, mais l’étendue considérable donnée à la deuxième ligne d’investissement fit abandonner le projet par son auteur.

À l’armée du général Chanzy, on parvint à établir une communication à cinq kilomètres, mais, lorsqu’un soleil superbe favorisait l’opération.

Après la conclusion de l’armistice, des expériences se firent (mars 1871) à Poitiers avec des appareils à prismes. Le jour, on correspondit à 22 et à 37 kilomètres ; la nuit la transmission s’effectua, paraît-il, à cette dernière distance avec une lampe à pétrole et à l’œil nu.


Guerre Russo-Turque.


Les Turcs qui, dans la guerre contre les Russes, se servirent à peine de la télégraphie électrique, utilisèrent encore moins les signaux optiques, mais ce fut par simple ignorance, car après la guerre des expériences furent ordonnées. Cependant le contingent égyptien possédait un système de signaux par pavillons pour communiquer entre les différents ouvrages de campagne.


Dans la région Transcaspienne.


L’expédition des Russes dans la région transcaspienne leur permit d’utiliser pratiquement l’héliographe déjà expérimenté vers l’année 1877. On organisa un détachement spécial composé de trois officiers et de cinquante hommes. Les appareils étaient de trois modèles suivant le but à remplir ; on les désignait sous le nom d’appareils de cavalerie, de campagne et de forteresse. Les diamètres des miroirs étaient respectivement de 9, de 13 et de 25 centimètres et les distances auxquelles on pouvait correspondre de 26, de 42 et de 53 kilomètres. On employait comme source lumineuse le soleil et les lampes ; celles-ci étaient de divers systèmes et présentaient quelques inconvénients parmi lesquels l’usage de l’essence de térébenthine, qui se vaporisait rapidement par suite de l’élévation de la température.

L’héliographe servit :

1o À relier les troupes avec les têtes de lignes télégraphiques et leur base d’opérations, ce qui fut très utile à cause des tentatives des Tekkés pour couper les Russes de cette base.

2o À entretenir la liaison entre le corps principal et les détachements envoyés en reconnaissance.

3o Pendant le siège de Géok-Tépé, à faciliter le tir de l’artillerie, à fournir des nouvelles sur les mouvements de l’ennemi, dans le désert au nord de la place, et à surveiller les rassemblements destinés aux surprises nocturnes.

4o À l’éclairage du terrain situé en avant de la première parallèle et des environs du camp, ce qui se fit bien mieux que par les autres moyens ; il est vrai qu’ils étaient bien primitifs.

Ces résultats sont brillants, mais ils sont dus en partie au climat et à la nature du terrain.


En Afghanistan.


Les Anglais possédaient aux Indes un excellent matériel de télégraphie électrique, puisqu’ils construisirent environ 700 kilomètres de lignes, mais elles furent fréquemment coupées par l’ennemi. La télégraphie optique remplaça la télégraphie par fil et servit pendant le combat et pendant les marches, pour entretenir les communications entre les diverses colonnes souvent fort éloignées les unes des autres.

On a pu correspondre :

1o Avec les héliographes à miroirs de 76, de 127 et de 152 millimètres de diamètre respectivement jusqu’à 54, 111 et 240 kilomètres. 2o Avec des pavillons de un mètre carré à 40 kilomètres, en se servant de bonnes lunettes.


Au Zoulouland.


Le gouvernement anglais qui avait, on ne sait trop pour quel motif, négligé l’envoi d’un détachement de télégraphie électrique, s’en repentit bientôt amèrement et revint sur sa décision. Tant à cause de ce fait que par suite de l’état spécial de l’atmosphère, la télégraphie optique fut utilisée sur une assez large échelle. Signalons un des faits saillants de son emploi dans cette guerre. Le colonel Pearson, enfermé dans le fort d’Ekovee avec 1 300 hommes, coupé de tout secours et entouré de 15 à 20 000 Zoulous, parvint à se mettre en communication avec le reste de l’armée et avec le fort Ténedos, éloignés de plus de 40 kilomètres.

Les troupes britanniques purent venir au secours