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plusieurs appareils de télégraphie optique.

C’est à un officier français, le colonel Mangin, mort en 1885, que sont dus les perfectionnements de l’appareil primitivement proposé par Lissajous et exécuté par MM. Maurant et Laussedat, comme il est dit plus haut. Le colonel Mangin, en transportant dans la pratique les principes de l’appareil de MM. Maurant et Laussedat, a rendu tout à fait usuelle la correspondance au moyen de signaux visibles à longue distance.

Voici la disposition de l’appareil imaginé par le colonel Mangin, qui a été expérimenté pendant plusieurs années à l’École militaire de Saumur, et qui continue d’être mis en pratique, chaque année, à titre d’exercice, au camp de Saint-Maur, près de Paris, par différents corps d’armée de nos départements, ainsi que dans les forts des environs de Paris.

Sur la planchette antérieure (fig. 412) d’une boîte rectangulaire, divisée en deux parties inégales, par un diaphragme BC, dans lequel on a pratiqué une petite ouverture, est assujettie une lentille bi-convexe, P′, de 0m,24 de diamètre. Derrière l’ouverture du diaphragme BC, se trouve un obturateur mobile, A, que l’on soulève et déplace à volonté, au moyen d’une manette, F et d’un levier coudé à angle droit, GG′. Dans la seconde partie de la caisse est placée une forte lampe à pétrole, L, munie d’un réflecteur parabolique, D′, dont elle occupe le foyer, et qui accroît encore sa puissance éclairante, en réfléchissant sur la lentille P les rayons émanés de la partie postérieure de la source lumineuse, c’est-à-dire la lampe à pétrole. La seconde lentille, P, à court foyer, et le miroir, D, n’ont donc pour but que de recueillir des rayons lumineux, qui seraient perdus sans cela. La grande lentille biconvexe, P′, reçoit le faisceau lumineux total réfracté à travers les deux lentilles, et le renvoie parallèlement à l’horizon.

L’appareil étant ainsi disposé, il suffit d’imprimer au manipulateur, F, des mouvements plus ou moins prolongés, pour émettre des éclats, qui reproduisent, en signaux lumineux, les points et les traits du télégraphe Morse. Une lunette, EE′, fixée sur l’une des parois extérieures de la boîte, bien parallèlement à l’axe des lentilles, sert à apercevoir les signaux du poste correspondant.

Nous représentons à part (fig. 413) le manipulateur et l’obturateur dont les déplacements, à l’intérieur de la caisse, produisent les éclairs lumineux.

L’obturateur est formé d’un écran, A, en aluminium, que commande un petit levier à pédales, F, mobile autour du point O. Un ressort, R, le retient en arrière ; mais il cède à la pression du doigt sur le levier, F, et en se déplaçant le disque A, qui couvrait le diaphragme, produit les éclipses et les éclats du faisceau lumineux.

Les signaux se font donc en maintenant libre le passage des rayons lumineux à travers l’ouverture du diaphragme, ou en le fermant, au moyen du manipulateur et de l’obturateur.

La lunette viseur, EE′, est pourvue de vis de rappel, qui permettent, en fixant un point de l’horizon, d’obtenir l’image de ce point sur un verre dépoli, que l’on ajuste au bout de la lunette. Et comme il est indispensable, pour la transmission et la réception des dépêches, que l’axe de la lunette soit absolument parallèle aux rayons sortant de l’appareil, on reconnaît que le parallélisme des deux appareils est parfait, lorsque le point visé se trouve au croisement des deux diagonales inscrites sur le verre dépoli.


Tel que nous venons de le décrire, l’appareil du colonel Mangin est spécialement affecté au service télégraphique de nuit. Pour l’utiliser pendant le jour, il suffit d’enlever la lampe et son réflecteur, et d’adapter à la planchette postérieure de l’appareil une troisième lentille, dont le