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Werner Siemens faisait usage d’une machine à vapeur fixe produisant de l’électricité dans une machine Gramme, laquelle envoyait son courant à une seconde machine Gramme, installée sur la voiture. Le conducteur qui amenait l’électricité à la deuxième machine Gramme, était une barre de fer placée entre les deux rails, isolée par des blocs de bois, sur laquelle venaient frotter, en passant, des lames flexibles, amenant le courant à la machine réceptrice.

Ce système de transport de la force pour produire la locomotion sur les voies ferrées, a été beaucoup modifié plus tard ; mais, disons-le, sans avoir encore amené de grands résultats pratiques.


M. Marcel Deprez a attaché son nom à l’application en grand du transport des forces naturelles ou artificielles au moyen d’un fil électrique. Il a eu le mérite de déterminer dans quelle proportion la force est transmise, c’est-à-dire le degré de rendement de la force primitive.

Dès 1880, M. Marcel Deprez élaborait un projet de transmission et de distribution électrique de la force produite par un moteur à vapeur, aux diverses machines-outils d’un atelier. Il réalisa ce projet, et en 1881, il montrait, à l’Exposition d’électricité, les résultats qu’il avait obtenus. Diverses petites machines étaient mises en action par la transmission électrique de la force d’un moteur à vapeur.

Lors de l’Exposition d’électricité, de Munich, en 1882, la municipalité de cette ville ayant eu connaissance des travaux de M. Marcel Deprez, lui demanda de faire une démonstration pratique et publique de son système de transport de force par l’électricité.

M. Marcel Deprez accepta avec empressement. La machine génératrice d’électricité fut installée à Miesbach, petite ville du sud de la Bavière, où se trouvent des mines importantes de charbon, et qui est située à 57 kilomètres de Munich ; la machine réceptrice du courant fut placée dans cette dernière ville, dans la grande nef de l’Exposition, où elle actionnait une pompe centrifuge, employée à alimenter une petite cascade artificielle. La ligne se composait de deux fils télégraphiques ordinaires, en fer galvanisé, qui avaient été mis gratuitement à la disposition des expérimentateurs par le gouvernement bavarois. On n’avait pas jugé nécessaire de faire recouvrir les fils d’une enveloppe isolante.

On ne réussit qu’à transporter la force d’un quart de cheval-vapeur, et l’on ne put obtenir qu’un rendement de 30 pour 100 de la force primitive.

En 1883, à la gare du chemin de fer du Nord, à Paris, nouvelle expérience, avec une machine dynamo-électrique spéciale pour la production de l’électricité, machine construite sur les plans donnés par M. Deprez. On opérait sur un fil télégraphique de 17 kilomètres de longueur. On envoya ainsi deux chevaux-vapeur à 8 kilomètres et demi de distance, avec un rendement de 40 pour 100.

Une autre série d’expériences fut entreprise par M. Marcel Deprez, à Grenoble, pour transporter, non pas la force artificielle d’une machine à vapeur, mais la force naturelle d’une chute d’eau. On abandonna le fil télégraphique de fer galvanisé, et on le remplaça par un fil spécial, en bronze silicieux, de deux millimètres de section. On sait que le bronze silicieux offre beaucoup plus de résistance que le simple fil de fer.

La distance était de 14 kilomètres, et on réussit à transporter jusqu’à 7 chevaux-vapeur, avec un rendement de 62 pour 100.

Nous représentons dans les figures 396 et 397 la belle expérience de Grenoble.

On voit par la figure 396 la chute d’eau de Vizille faisant tourner une turbine, T, et le mouvement de cette turbine transmis, par une série d’arbres et de pignons, A, à une machine dynamo-électrique, C, laquelle