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telles que matériaux, vins, pierres, fruits, etc. Ces bateaux ont leur moteur installé à l’arrière, pour laisser le reste de la place aux objets transportés.

Les machines à vapeur des remorqueurs, ou des porteurs de marchandises, n’offrant rien de particulier, nous ne nous arrêterons pas à les décrire.


Un système de transport à vapeur sur les rivières, qui n’est pas d’invention récente, mais qui présente beaucoup d’intérêt, mérite d’être étudié à cette place. Nous voulons parler du touage à vapeur sur chaîne.

Tout le monde connaît ces bateaux toueurs qui servent à remorquer, sur les rivières, une longue file de bateaux, pesamment chargés ; mais peu de personnes ont une idée nette du moyen employé pour ce système de traction fluviale.

Entre les deux points terminus de la ligne de touage et sans interruption, on dépose, au fond de la rivière, une forte chaîne en fer. Cette chaîne, ou toue, vient s’enrouler sur deux tambours en fonte, porteurs d’une gorge hélicoïdale, et qui sont actionnés par la machine à vapeur du bateau toueur.

Si l’on vient à faire tourner les tambours, la chaîne s’enroulera d’un côté, pour sortir de l’autre. Mais comme elle est fixe, le bateau toueur se trouve sollicité dans la direction de la chaîne, et il entraîne les bateaux qui sont attelés derrière lui. Cela revient à dire que le bateau se hale le long de la chaîne, en ayant pour force propre sa machine à vapeur.

La chaîne entre et sort du bateau toueur par deux poulies montées sur un bras qui peut décrire un arc de cercle. Deux gouvernails permettent de faire varier la direction du bateau toueur : l’excès de longueur de la chaîne permet ces variations. La chaîne passe, d’ailleurs, sous les portes d’écluses sans difficulté ; car ces portes présentent à leur partie inférieure un jeu plus que suffisant pour lui livrer passage.

Les bateaux toueurs de la Seine, outre leur appareil à chaîne, sont munis de deux hélices, pour le cas où, soit par suite des hautes eaux, soit par suite d’une rupture de la chaîne, ils ne pourraient plus faire leur service. Ces hélices sont commandées, soit par un moteur indépendant, soit par la grande machine, au moyen d’engrenages.

La coque d’un bateau toueur n’est autre chose qu’une grande boîte à section rectangulaire et arrondie aux deux bouts. C’est ce que montrent les figures 197 et 198, qui donnent la coupe et le plan d’un toueur à vapeur.

Ce système de remorquage présente cet avantage remarquable que toute la puissance de la machine est utilisée pour la marche, sauf la perte due aux frottements. On sait, au contraire, que les roues et les hélices perdent beaucoup par le recul, surtout dans les faibles vitesses.




CHAPITRE XII

la navigation par la vapeur sur les fleuves et rivières en amérique. — les Steam-Packet. — les Bacs à vapeur en Amérique et en Angleterre.

Tout le monde a lu, dans les ouvrages traitant de l’Amérique, la description des bateaux à vapeur qui sillonnent les grands fleuves du nouveau monde. Les machines à vapeur qui actionnent ces bateaux n’ont cependant rien de particulier. Elles appartiennent même aux types les plus anciens, c’est-à-dire à la machine à balancier et à pleine pression de la vapeur. Mais leur aménagement est tout différent de ce qui se voit dans nos bateaux de rivière. Généralement, un bateau de fleuve américain a plusieurs ponts superposés, ce qui lui donne l’aspect d’une maison flottante, plutôt que d’un bateau. L’étage inférieur est consacré