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grammes, réparties en 2 groupes semblables, séparés par une cloison étanche, lui envoient la vapeur. Chaque groupe comprend 2 chaudières doubles à 6 foyers et 2 chaudières simples à 3 foyers. Le nombre total des foyers est donc de 36 ; leur diamètre est de 1m,07 et la surface totale de leurs grilles 72 mètres carrés. Le diamètre des chaudières est de 4m,20, la longueur des corps doubles est de 5m,65, celle des simples 2m,90.

Six coffres rassemblent la vapeur produite et l’envoient à la machine par deux tuyaux collecteurs — un par chaufferie — aboutissant à une boîte à deux soupapes distinctes, de manière à assurer l’indépendance complète de la machine et de chacun des deux groupes de chaudières.

Deux cheminées de 2m,40 de diamètre rejettent au dehors les produits de la combustion.

Les chaudières occupent dans le bâtiment une longueur totale de 29 mètres ; elles sont isolées des cales et des murailles du navire par les soutes à charbon.

La machine occupe une longueur de 13 mètres.

Au total les compartiments affectés à l’appareil moteur et évaporatoire ainsi qu’au charbon ont une longueur de plus de 50 mètres.

La machine de la Normandie développa, aux essais, une force de près de 6 000 chevaux-vapeur, à l’allure de 60 tours environ par minute. Cependant elle ne fournit, en service courant, que les 4/5 de cette puissance. Elle donne au navire une vitesse de 14 nœuds et demi, en consommant par jour 110 tonnes de charbon.

Outre son appareil moteur, la Normandie possède de nombreux appareils à vapeur : guindeaux, treuils à marchandises, appareil à gouverner, machines à air froid, pompes d’épuisement de cales et de water-ballast, petits-chevaux, treuils à escarbilles, enfin deux machines, de 40 chevaux chacune, destinées à mener les machines dynamo-électriques qui alimentent les lampes à incandescence des logements et les lampes à arc de la machine des cales, feux de position, etc.

Un certain nombre de ces appareils empruntent leur vapeur aux grandes chaudières ; les autres la reçoivent de deux chaudières auxiliaires, à deux foyers chacune, placées sur le pont, et présentant ensemble une surface de grilles de 3m,25.

C’est dans les chaudières de la Normandie que l’on put bien apprécier les avantages immenses de l’emploi du condenseur à surface. C’est ce système de condensation de la vapeur, coïncidant avec une série d’autres perfectionnements, qui a presque complètement transformé la machine à vapeur marine, et a permis de réduire presque immédiatement la consommation de charbon à moins d’un kilogramme par cheval et par heure.

Dans le condenseur à surface, la vapeur condensée ne se mélange pas à l’eau de mer. Pendant que la vapeur passe, soit dans les tubes minces en laiton, soit plus généralement autour de ces tubes, l’eau de mer, poussée par des pompes, circule de l’autre côté de la paroi, et l’échange de température se fait à travers le métal des tubes. L’eau douce, toujours la même, à part une petite quantité d’eau salée destinée à réparer les pertes, est renvoyée aux chaudières. La pression à laquelle on peut produis la vapeur n’est donc plus limitée que par la dimension à donner aux matériaux des appareils évaporatoires.

Grâce à l’emploi de l’eau douce dans l’alimentation des chaudières, on a supprimé l’extraction, c’est-à-dire le rejet à la mer de l’eau de la chaudière chargée de sels, opération autrefois indispensable, et que nous avons décrite dans les Merveilles de la science. On a économisé, de ce chef, environ 15 pour 100 de combustible.