Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 5.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à vapeur[1], avait donc créé, vers 1820, la chaudière multitubulaire à circulation d’eau dans les tubes ; et Philippe de Girard, l’inventeur de la filature mécanique du lin, avait également construit, en 1818, des chaudières multitubulaires qu’il appliquait à faire mouvoir des bateaux à vapeur naviguant sur le Danube. Mais ce système était entièrement délaissé et oublié, lorsque les dangers de la chaudière à bouilleurs et son peu d’économie amenèrent nos constructeurs à reprendre, vers 1850, les chaudières du système Perkins.


chaudière belleville.

L’une des premières en date et la plus remarquable des chaudières multitubulaires est celle de M. Belleville, constructeur de Paris. M. Belleville créa son premier modèle de chaudière à tubes en 1850, et depuis cette époque, il l’a perfectionné sans cesse, avec une persévérance peu commune. Il est ainsi arrivé à son générateur du type dit de 1877, qui est plein d’ingénieuses combinaisons. Nous donnons dans les figures 1 et 2 une vue d’ensemble de la chaudière inexplosible de cet inventeur.

Dans ces deux figures, où l’on suppose la chaudière partagée en deux, comme on partagerait une orange, le lecteur remarquera les organes suivants :

1o Un système de grille en fer, K, composé de barreaux ondulés et de barreaux droits intercalés. Cette disposition donne à l’ensemble de la grille une parfaite solidité, en ce que tous les barreaux se contre-butent les uns les autres en des points très rapprochés. Les espaces vides réservés entre eux pour le passage de l’air forment comme de petits triangles très allongés. L’air nécessaire à la combustion se trouve ainsi divisé en lames minces, réparties très également sur toute la surface de la grille. Cette dernière condition donne lieu à un refroidissement assez notable pour que le mâchefer n’y adhère jamais.

2o Une soufflerie, S, envoyant un courant de vapeur sur la grille, K, et qui a pour but de réaliser une meilleure combustion des gaz. En effet, quelque bien réglée que soit l’épaisseur du combustible, il y a toujours de l’oxyde de carbone produit. Il importe de brasser les gaz pendant qu’ils sont encore très chauds, afin que l’oxygène de l’air puisse réagir sur l’oxyde de carbone et le transformer en gaz acide carbonique. On évite ainsi une perte considérable de chaleur.

3o Le récepteur de chaleur, ou générateur de vapeur proprement dit, G. C’est dans ce récepteur que doit se faire la transmission de la chaleur des gaz de la combustion à l’eau contenue dans l’appareil.

Le récepteur de chaleur, G, se compose d’éléments générateurs, ainsi construits. Chaque élément est formé d’un certain nombre de tubes assemblés en spirale à l’aide de boîtes de raccordement. Chacun de ces éléments est amovible, indépendant des autres, et constitue, en quelque sorte, une unité distincte ; ce qui donne une très grande facilité pour le transport, le montage et les réparations.

4o Un conduit rectangulaire, F, pour l’alimentation d’eau, disposé transversalement au-dessus des portes du foyer, et qui, tout en servant de point d’appui à la partie antérieure des éléments générateurs de vapeur, communique avec chacun d’eux à l’aide d’un raccordement à joints.

5o Un collecteur-épurateur, C, de vapeur et d’eau d’alimentation, disposé transversalement au-dessus du générateur de vapeur, et à l’abri des effets de la température et de l’action corrosive des gaz provenant de la combustion. Cet organe communique avec la partie supérieure de chaque élément générateur à l’aide d’un raccordement à joint conique.

  1. Merveilles de la science, Tome I, p. 239.