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rupture des tubes et à l’incendie, présentait trop de dangers pour qu’elle fût adoptée dans l’industrie.

Un chimiste belge, M. Melsens, a reconnu ensuite que l’addition d’une petite quantité d’acide à la matière grasse émulsionnée par l’eau, favorise singulièrement la saponification de la graisse par le calorique. M. Melsens fait usage d’une eau contenant des traces d’un acide puissant, comme l’acide sulfurique, ou des quantités un peu plus fortes d’un acide faible, tel que l’acide borique. Il renferme ce mélange dans un autoclave, c’est-à-dire dans un vase métallique aux parois épaisses, extrêmement résistant et hermétiquement clos. Cet autoclave étant exposé à l’action du calorique, la vapeur formée à l’intérieur, acquiert la pression et la température suffisantes pour déterminer la saponification du corps gras. On sépare ensuite, selon le procédé ordinaire, l’acide liquide de l’acide concret.

Mais cette méthode expose aux mêmes dangers que la précédente, et l’on trouverait difficilement un industriel osant faire fonctionner un autoclave qui renfermerait de la vapeur portée à la pression de 12 à 15 atmosphères.

Le résultat des tentatives nouvelles qui avaient pour but la préparation des acides gras au moyen de l’eau et d’une température élevée, a conduit le directeur de la Société Price, M. Wilson, à une nouvelle modification de cette méthode de distillation des corps gras. M. Wilson supprime l’eau, et distille directement l’huile de palme, à une température, toujours fixe, de 400 degrés. Ce mode fort simple de traitement des corps gras paraît fournir de très-bons résultats ; mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit de l’Angleterre, c’est-à-dire d’un pays où le public se montre peu difficile sur la qualité des bougies. Tout corps gras qui brûle sans odeur, qui est peu coloré, et qui peut recevoir une mèche se mouchant toute seule, est, en Angleterre, réputé de bon usage. Ces procédés, qui sont peut-être suffisants pour traiter l’huile de palme, et qui ne constituent guère qu’un moyen de blanchir ce produit et de le solidifier, donnent des produits qu’il serait difficile de faire accepter en France.

Cette méthode constitue une brillante application des théories modernes de la chimie organique. Mais les pressions énormes auxquelles il faut avoir recours pour saponifier les graisses par l’eau seule, inspirent, avec raison, de sérieuses craintes aux fabricants. Il est difficile de croire d’ailleurs, que ce procédé continue d’être suivi en présence de l’importante modification apportée en 1867 par M. de Milly, à la fabrication des acides gras, et qui permet de produire du premier coup, par la seule action de l’acide sulfurique, et sans distillation, de l’acide stéarique pur.


CHAPITRE XV

préparation des bougies stéariques. — moulage. — blanchiment. — rognage, etc.

Quel que soit le moyen qui ait servi à obtenir l’acide stéarique, ce produit chimique se présente sous l’aspect de masses solides, blanches et cassantes. Nous avons à décrire, pour terminer cette partie de notre sujet, la fabrication des bougies avec l’acide stéarique. Comme leur fabrication ne diffère que par quelques détails, de celle des chandelles, qui a été exposée plus haut, nous pourrons abréger cette description.

La première chose à faire, quand on fabrique la bougie stéarique, c’est de préparer les mèches, et de les disposer dans les moules. Nous rappellerons ce que nous avons déjà dit, dans un des chapitres précédents, à savoir que la mèche est en coton natté avec trois fils. La mèche en coton simplement tordu employée dans les chandelles, aurait nécessité le mouchage, absorbé une trop grande