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grés, on fait arriver le courant de vapeur, en ouvrant le robinet R, et en veillant à ce que la température de cette vapeur soit toujours de 250 à 300 degrés. La vapeur formée dans une chaudière chauffée par le foyer, H, se surchauffe en traversant les carneaux M, N. Un thermomètre, placé sur le trajet du tube de vapeur, près du robinet R, indique, à chaque instant, cette température.

Dans ces conditions les acides gras sont entraînés en vapeurs, avec le courant de vapeur d’eau surchauffée. Ils passent, avec cette vapeur d’eau, dans le tube E, de là dans le récipient G. Ce vase est une sorte de premier condenseur, analogue à celui qui sert à recevoir le goudron et les matières empyreumatiques, dans les usines à gaz. En ouvrant un robinet, L, dont ce vase est pourvu, on peut recueillir et séparer les premières portions distillées, qui se composent d’acide sulfurique, d’acroléine, et de produits étrangers aux acides gras.

Les vapeurs d’acides gras, mélangées d’eau, traversent ensuite le double serpentin, K, qui est refroidi par un courant d’eau continu, et elles s’y condensent. Les liquides condensés arrivent à l’extrémité du serpentin par le tube U, et sont recueillis dans un récipient. Les acides gras, plus légers, s’écoulent par le robinet V, placé au niveau supérieur de ce récipient, et l’eau par le robinet X, placé plus bas.

La distillation dure de douze à quinze heures, avec un alambic chargé de 1 000 kilogrammes environ de matière à distiller.

Il reste dans la cucurbite, un résidu brun fluide, qu’il faut extraire, pour pouvoir procéder à une opération nouvelle. Comme on ne pourrait démonter la chaudière, on fait usage d’un appareil particulier, appelé vidange à soupape. C’est une sorte de pompe aspirante, Y, pourvue d’une soupape s’ouvrant par le poids du liquide, lequel s’introduit dans la pompe quand on la fait manœuvrer. Comme on le voit sur la figure, ce tube de vidange est placé à la partie inférieure de la chaudière.

Par le refroidissement, le résidu extrait de la chaudière, se concrète, et forme une masse noire, semblable à de l’asphalte. Le résidu, laissé par la distillation, est de 6 à 7 pour 100 du poids de la matière distillée.

Telle est la méthode d’extraction des corps gras par la saponification sulfurique et la distillation. Si l’on demande quelle quantité d’acide gras fournit ce procédé, nous répondrons qu’il donne environ 75 pour 100 d’acides gras, en opérant sur l’huile de palme. Ces 75 pour 100 d’acides gras, soumis à la pression, pour en séparer l’acide oléique, laissent, en définitive, 50 pour 100 d’acide stéarique. Ainsi, par ces traitements et après la séparation de l’acide oléique, l’huile de palme fournit la moitié de son poids d’acide stéarique propre à la confection des bougies.

Appliqué au suif, ce mode de traitement fournit un rendement en acide stéarique supérieur à celui que donne la saponification par la chaux. On peut, en effet, obtenir par la méthode de la distillation, jusqu’à 60 pour 100 d’acide stéarique avec le suif, tandis que la saponification par la chaux ne donne que 45 pour 100 du même produit.

L’opération de la distillation est pourtant difficile et coûteuse ; elle exige des soins attentifs. Il était donc important d’essayer de supprimer cette dernière partie de l’opération, et, tout en conservant la saponification par l’acide sulfurique, de pouvoir purifier les acides gras sans avoir recours à la distillation. M. de Milly a cherché pendant bien des années à résoudre ce problème fondamental, et le succès a fini par couronner ses efforts. Aujourd’hui, M. de Milly prépare par la saponification sulfurique, des acides gras, qui n’ont pas besoin d’être distillés, et qui, par les simples opérations du lavage et de la pression, sont assez blancs, assez purs, pour servir directement à la confection de la bougie.

Comment M. de Milly est-il arrivé à ce dernier résultat ? En employant, pour effectuer