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Il faut cinq ou six heures pour que le pressage à froid soit terminé.

Pour le débarrasser des dernières portions d’acide liquide, l’acide concret est soumis à une seconde pression, laquelle se fait à chaud. À cet effet, on revêt les gâteaux d’acides gras d’une bonne enveloppe de crin, et on les place entre des plaques de fer autour desquelles circule un courant de vapeur.

La figure 54 représente la disposition employée dans plusieurs fabriques, pour effectuer le pressage à chaud des acides gras. A, est le tuyau de pression de la presse hydraulique ; C, le corps de pression de la même presse hydraulique, c’est-à-dire la capacité pleine d’eau qui reçoit et multiplie la pression partant du tuyau A. Un manomètre, S, indique à l’extérieur le degré de cette pression. P, est le piston de la presse hydraulique qui vient comprimer horizontalement les gâteaux d’acides gras, E, E, contenus dans la bâche.

Pour que les pains d’acides gras soient maintenus chauds, pendant qu’ils sont ainsi comprimés par la presse hydraulique horizontale, on fait circuler dans la bâche qui les renferme, un courant de vapeur d’eau bouillante. Cette vapeur arrive par le tube V. Quand on ouvre la valve qui lui donne accès, en abaissant la manivelle RR′, elle pénètre dans les tubes T, T, et vient circuler autour des plaques E, E renfermant les pains d’acides gras. L’articulation dont sont munis les tubes, permet de les changer de place ou de les mouvoir en différents sens. L’acide oléique qui exsude des pains d’acides gras s’écoule par le fond de la bâche.

Après un temps de pression suffisant, les tourteaux sont débarrassés de leur enveloppe. Ils présentent alors une masse sèche et friable qui se compose d’acides stéarique et margarique, c’est-à-dire de la matière de la bougie dite stéarique.

M. de Milly, le créateur de l’industrie stéarique, a réalisé une importante amélioration dans le procédé de saponification du suif par la chaux. Nous avons dit plus haut que, pour saponifier le suif au moyen de la chaux, il faut employer de 14 à 15 pour 100 de chaux vive. En modifiant le mode opératoire dans cette partie de la fabrication, M. de Milly est parvenu à réduire à 4 ou 5 pour 100, la quantité de chaux nécessaire pour la saponification. Ce résultat est d’une grande importance économique, non-seulement parce qu’il permet de supprimer les deux tiers de la chaux employée jusqu’ici, mais surtout parce que la quantité d’acide sulfurique qu’il faut faire agir plus tard pour saturer cette chaux, se trouve réduite dans la même proportion. Voici en quoi consiste ce nouveau mode de saponification calcaire, qui n’est que depuis peu de temps en usage dans l’usine de M. Milly.

Mélangé à 4 ou 5 pour 100 seulement de chaux préalablement délayée dans une petite quantité d’eau, le suif est placé dans une chaudière fermée, dans laquelle on fait arriver un courant de vapeur d’eau, à la tension de 3 ou 4 atmosphères. Par suite de l’état particulier du savon ainsi formé (lequel est sans doute un stéarate acide), ou simplement par l’effet de la haute température de la matière, le savon calcaire est plus fluide, plus fusible, plus facilement émulsionné par l’eau, que celui que l’on obtient dans l’opération telle qu’on la pratique d’ordinaire, c’est-à-dire à l’air libre. Cette fluidité du savon calcaire permet de le verser directement dans la cuve où se trouve l’acide sulfurique destiné à le décomposer. On n’est donc plus obligé, comme dans les premiers temps de la fabrication, de passer par cette longue opération qui consiste à laisser refroidir le savon de chaux, à le détacher de la cuve à coups de pioche, à le diviser en fragments, et à le transporter dans la cuve à acide sulfurique. Il suffit d’ouvrir le robinet de la chaudière où la saponification s’est opérée, pour faire couler directement le savon cal-