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raient un jour être avantageusement appliquées à la fabrication des bougies.

La part étant faite à la science, passons à l’industrie.

I. C’est en 1813 que fut découvert l’acide stéarique ; c’est en 1831 que ce produit commença à être heureusement appliqué à la fabrication. Les dix-huit années qui s’écoulèrent entre la découverte et son application, indiquent assez qu’il existait de sérieuses difficultés à vaincre, pour faire sortir de ces données scientifiques une industrie nouvelle.

II. M. Jules de Cambacérès a eu le mérite de se livrer le premier, avec quelque suite, à la fabrication industrielle des acides gras.

III. Les difficultés de toute sorte que présente la production manufacturière des nouvelles bougies, ont été surmontées par M. de Milly, qui, le premier, est parvenu à fonder, en France, la fabrication stéarique, et qui a propagé ensuite cette fabrication dans toute l’Europe.

IV. Les principales bases de fabrication posées par M. de Milly ont été les suivantes :

1o La saponification au moyen de la chaux. Cette opération était sans précédent dans les opérations manufacturières, et présentait de grandes difficultés d’exécution. Substituée à la saponification par la soude, elle permit d’abaisser sensiblement le prix des bougies.

2o La décomposition du savon calcaire, pratiquée dans des vases de bois, au moyen du chauffage à la vapeur.

3o La pression dans les presses hydrauliques, les unes verticales, les autres horizontales, ces dernières construites d’une manière toute spéciale et chauffées pendant la pression. C’est en Angleterre que M. de Milly fut obligé de faire exécuter les premières presses dont il fit usage.

4o L’emploi de l’acide borique dans la préparation des mèches, moyen indispensable à une bonne combustion des bougies.

5o Enfin, le moulage des bougies pratiqué avec la matière à demi solidifiée, et au moyen d’une égalité de température entre le moule et l’acide stéarique qui va être converti en bougies, ce qui empêche la cristallisation de l’acide stéarique, et produit des bougies lisses, unies et parfaitement moulées.


CHAPITRE XIII

procédés actuellement suivis pour la préparation des acides gras destinés à l’éclairage. — la saponification calcaire.

Après cet historique de la découverte des acides gras et de leur application à l’éclairage, nous décrirons les divers procédés qui servent à préparer l’acide stéarique, dans les manufactures actuelles.

Le plus ancien en date de ces procédés, celui qui est encore suivi dans beaucoup de fabriques, c’est le procédé de la saponification au moyen de la chaux.

Dans un vaste cuvier en bois, doublé en plomb et chauffé par une circulation de vapeur, on introduit le suif qui doit servir à la préparation de l’acide stéarique. Quand la masse est bien fondue, on y verse peu à peu de la chaux vive délayée dans l’eau : on emploie de 14 à 15 parties de chaux pour 100 parties de suif. Ce mélange étant maintenu à l’ébullition pendant environ huit heures, le suif se trouve entièrement saponifié par la chaux, et l’on obtient un savon de chaux, c’est-à-dire un mélange d’oléate, de stéarate et de margarate de chaux.

La figure 51 représente plusieurs de ces cuves à saponification. La vapeur d’une chaudière s’introduit par un tube conducteur de cette vapeur, quand on tourne un robinet. Autrefois on disposait dans ces cuves des agitateurs mécaniques mus par une machine à vapeur, mais on préfère aujourd’hui remuer la masse à bras d’homme, à l’aide d’une simple pelle de bois.

Par le refroidissement, le savon calcaire se prend en une masse dure et solide. Dans les