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dont les affinités chimiques sont puissantes surtout à une température élevée, se combine avec la chaux et les autres bases minérales qui font partie des cendres. Ces borates, étant très-fusibles, se convertissent, à l’extrémité de la mèche, en une petite perle brillante, qui tombe, après l’entière combustion de la mèche. L’addition de l’acide borique a ce grand avantage, qu’il réduit considérablement le volume des cendres laissées par la mèche. Ainsi converties en borates fusibles, les cendres, sous la forme d’un imperceptible globule, tombent dans le godet de la bougie. Chacun peut constater, en regardant pendant quelque temps la marche de la combustion d’une bougie stéarique, la formation, à certains intervalles, de ce très-petit globule fondu, qui finit par tomber dans le godet de la bougie, quand il a acquis un volume un peu plus grand.

La combustion d’une bougie stéarique, qui, au premier abord, paraît fort simple, se compose donc, en réalité, de plusieurs effets délicats, et le résultat qui, seul, frappe nos yeux, est la conséquence d’une série d’artifices ingénieux, rassemblés par une science prévoyante.

Parmi les nombreuses difficultés que l’industrie stéarique eut à surmonter dans ses débuts, on peut signaler encore celle qui provenait de la cristallisation de l’acide stéarique, pendant le moulage des bougies. Dans les premiers temps de la fabrication, les bougies n’offraient point l’aspect uni et mat qu’on leur voit aujourd’hui. Après avoir été coulé dans les moules, l’acide stéarique y cristallisait en fines aiguilles entre-croisées. La matière refroidie présentait dès lors une texture cristalline et une demi-translucidité, qui la différenciait trop, par son aspect, de la bougie de cire qu’elle était destinée à remplacer.

Fig. 50. — De Milly.

Cette difficulté arrêta pendant assez longtemps l’essor de la naissante industrie. Le premier essai que l’on avait tenté pour conjurer l’effet fâcheux dont nous parlons, avait été malheureux. On avait reconnu que l’acide arsénieux, ajouté en petite proportion à l’acide stéarique fondu, a le privilège d’empêcher sa cristallisation par le refroidissement. On avait donc fait usage d’acide arsénieux pour obtenir des bougies d’un aspect mat. Mais la présence au sein des bougies, d’un poison aussi actif que l’arsenic, avait pour l’hygiène publique de grands inconvénients. Quelque faible que fût la proportion du toxique employé, il pouvait se répandre, par suite de sa volatilité, dans l’atmosphère des appartements, et la rendre dangereuse à respirer. L’autorité dut intervenir pour interdire l’emploi de l’arsenic dans cette fabrication.

Le créateur de l’industrie stéarique se trouva alors dans un cruel embarras, car il ne voyait aucune matière propre à remplir le rôle du composé proscrit, et il était ainsi menacé d’échouer au port, après mille traverses heureusement franchies. M. de Milly découvrit heureusement que l’addition d’une faible