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rique, et en partie du cuivre enlevé au vase dans lequel l’opération s’exécutait. Elles étaient grasses au toucher et d’une odeur désagréable. Les mèches, qui avaient été plongées dans de l’acide sulfurique étendu, pour faciliter leur combustion, étaient sensiblement altérées par cet agent chimique ; elles disparaissaient quelquefois au sein de la bougie, qui ne pouvait plus brûler faute de mèche. M. de Cambacérès renonça à continuer l’essai qu’il avait entrepris.

Cependant, cette tentative du jeune ingénieur ne fut pas tout à fait inutile aux progrès futurs de l’industrie stéarique. C’est M. de Cambacérès qui eut, le premier, l’idée d’employer pour les bougies stéariques les mèches nattées et tressées dont on se sert aujourd’hui, et qui reconnut qu’il est indispensable de traiter préalablement la mèche par un acide. L’acide sulfurique fut employé par M. de Cambacérès, pour approprier les mèches de coton à la combustion des acides gras. Plus tard on substitua à l’acide sulfurique l’acide borique.

Les mèches de coton, telles qu’on les emploie pour les chandelles, ne pouvaient servir pour les bougies stéariques. Quand on allumait une de ces bougies portant une mèche de coton ordinaire, comme l’acide stéarique charbonne beaucoup en brûlant, il se formait bientôt, à l’extrémité de la mèche, un champignon, qui arrêtait l’ascension de la matière fondue. Dès lors, le liquide, ne pouvant parvenir jusqu’au point où s’effectuait la combustion, dégorgeait et coulait le long de la bougie. Après avoir essayé de parer à cet inconvénient par l’emploi d’une mèche creuse à l’intérieur, et présentant à l’extérieur le tissu d’une étoffe, M. de Cambacérès imagina la mèche actuellement en usage, et qui se compose de trois brins de fil de coton tressés et tissus au métier. MM. Gay-Lussac et Chevreul avaient bien, il est vrai, indiqué, dans leur brevet, l’usage de mèches ou creuses, ou tissées, ou filées ; mais on ne trouve pas dans ces désignations la natte telle qu’elle fut employée par M. de Cambacérès, et telle qu’elle est encore appliquée à la bougie stéarique. On n’y trouve pas surtout indiquée la nécessité de traiter la mèche par un acide, avant de la placer dans le moule à bougie.

Fig. 49. — Chevreul.

Cette modification à la contexture et à la préparation des mèches, était d’une importance de premier ordre. Sans cette remarque, si peu importante en apparence, mais fondamentale en réalité, l’industrie stéarique aurait été arrêtée dès ses premiers pas. C’est ce qui nous engage à rapporter ici le passage très-curieux d’un mémoire que M. de Cambacérès a présenté à l’Académie des sciences, le 17 janvier 1858, et dans lequel l’auteur raconte par quels tâtonnements successifs il fut amené à reconnaître la nécessité de traiter les mèches par des procédés particuliers, et de leur imprimer une courbure pendant la combustion.

« Donnant en 1821, dit M. Jules de Cambacérès, quelques conseils à une fabrique qui s’occupait de ces applications, je fus conduit à examiner sous ce