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Fig. 446. — Observatoire de Paris.


des plus grands astronomes, des discordances supérieures à celles qu’on reproche à M. Le Verrier. En 1750, on s’accordait à admettre, pour cette distance, trente-deux millions de lieues. Vingt ans après, on la portait à plus de trente-huit millions de lieues ; la différence de ces deux résultats dépasse six millions de lieues, ou la cinquième partie du premier, tandis que l’erreur reprochée à M. Le Verrier ne serait que d’un dixième, c’est-à-dire deux fois moindre. Et cependant, d’une part, il s’agissait du soleil, l’astre le plus important de notre monde, l’objet des observations quotidiennes des astronomes depuis deux mille ans ; d’autre part, c’était un astre jusqu’alors inaperçu, et qui ne devait se dévoiler aux yeux de l’esprit que par les faibles écarts qu’il produit chez une planète connue seulement depuis un demi-siècle.

On accuse encore M. Le Verrier d’avoir attribué à sa planète une masse plus considérable que celle qu’elle a réellement. À cela il suffit de répondre que les astronomes ne s’accordent pas même sur la grandeur des masses de plusieurs planètes anciennement connues, et notamment sur celle d’Uranus même. On conçoit, d’ailleurs, que si M. Le Verrier a placé Neptune un peu trop loin, il a dû, par compensation, le faire un peu trop gros. Ainsi l’incertitude sur la masse de la planète résultait nécessairement de celle de sa distance. C’est ce dont conviennent tous les astronomes. Sir John Herschell, dans une lettre à M. Le Verrier relative à cette discussion, n’a pas hésité à connaître que l’incertitude des données de la question entraînait forcément celle des éléments de l’orbite de Neptune. Ces éléments n’étaient, du reste,