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Dans le second cas, c’est-à-dire lorsque le prix de l’aluminium permettra de le faire entrer en concurrence avec le cuivre et l’étain, comment hésiter un instant entre le nouveau métal et le cuivre ? D’un côté, un métal oxydable, d’une odeur désagréable, dont tous les composés sont vénéneux ; de l’autre, un métal inaltérable, trois fois plus léger, sans odeur et sans la moindre influence nuisible sur l’économie.

Il ne faut pas, d’ailleurs, perdre de vue l’avantage capital que présentera, au point de vue de ses applications, la faible densité de l’aluminium. En admettant qu’à poids égal l’aluminium coûtât quatre fois plus cher que l’argent, il ne serait pourtant pas plus cher que ce métal, puisque, en raison de sa densité, un kilogramme d’aluminium occupe quatre fois plus de volume qu’un kilogramme d’argent. Il pourra donc servir à fabriquer quatre fois plus d’objets, sa ténacité, sa résistance étant supérieures, même à volume égal, à celles de l’argent.

Malheureusement l’aluminium est encore à un prix trop élevé dans le commerce pour que l’on puisse se flatter de le faire entrer dans les usages habituels de la vie. Le procédé métallurgique qui sert à préparer ce métal s’environne encore de beaucoup de difficultés, et ce n’est que dans des usines spéciales, comme celles de MM. Tissier frères, à Rouen, de M. Morin, à Nanterre et à Alais, que l’on peut se flatter d’obtenir, à coup sûr et avec quelque économie, ce métal précieux. L’intervention du sodium est nécessaire pour obtenir l’aluminium ; or, le sodium est un produit difficile à obtenir. Dès lors la préparation de l’aluminium n’est pas sans difficultés.

Ces difficultés pourtant ont été vaincues par une poursuite attentive et constante. Le moment est venu pour nous de faire connaître les différentes méthodes qui sont aujourd’hui en usage pour la préparation du métal tiré de l’argile.

L’aluminium s’obtient en traitant le chlorure d’aluminium par le sodium. Ce dernier corps, aux affinités chimiques très-énergiques, décompose le chlorure d’aluminium, en formant du chlorure de sodium, et l’aluminium devient libre.

La fabrication industrielle du nouveau métal comprend, d’après cela, les trois opérations suivantes :

1o Préparation du chlorure d’aluminium ;

2o Préparation économique du sodium ;

3o Décomposition du chlorure d’aluminium par le sodium.

De ces trois opérations, les deux premières ont seules reçu une solution satisfaisante ; la troisième présente d’assez grandes difficultés. Voici, d’ailleurs, comment on les exécute dans les usines déjà mentionnées.

Le chlorure d’aluminium se prépare en dirigeant un courant de chlore gazeux sur de l’alumine mélangée à du goudron. Cette alumine a été obtenue en décomposant par la chaleur l’alun ammoniacal, qui, calciné, laisse pour résidu l’alumine pure, et susceptible, dès lors, de fournir l’aluminium à un grand état de pureté.

Le traitement de l’alumine par le chlore se fait dans une de ces cornues de terre qui servent à la fabrication du gaz de l’éclairage. L’absorption du chlore est toujours complète, et marche avec la plus grande régularité. Comme la cornue est fortement chauffée, et que le chlorure d’aluminium est volatil, ce composé distille à mesure qu’il prend naissance, et vient se condenser dans une chambre en maçonnerie, revêtue de faïence à l’intérieur.

Ainsi obtenu, le chlorure d’aluminium constitue une matière compacte, d’une densité considérable, et composée d’une agglomération de cristaux de couleur jaune.

Comme l’alun ammoniacal, qui sert à la préparation du chlorure d’aluminium, renferme des impuretés, et particulièrement de l’oxyde de fer, qui passe dans l’aluminium ob-