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L’ALUMINIUM
ET LE BRONZE D’ALUMINIUM

CHAPITRE PREMIER

historique de la découverte de l’aluminium. — ses différentes propriétés. — méthodes et procédés en usage pour son extraction et sa préparation.

L’attention du public fut vivement excitée, en 1855, par l’annonce d’une découverte bien digne, en effet, d’éveiller un intérêt unanime. De la simple argile de nos terrains, de la marne des champs, on avait, disait-on, retiré un métal que ses caractères chimiques rangent tout à côté des métaux précieux, et capable de résister, comme l’or, le platine et l’argent, à l’action des causes extérieures d’altération. À ces premiers caractères ce métal joignait la singulière propriété d’être plus léger que le verre, et d’être fusible à une température modérée, ce qui permettait de le mouler sous toutes les formes.

Ces diverses assertions, qui excitèrent à bon droit beaucoup de surprise, n’avaient pourtant rien d’exagéré, et nous allons nous attacher à exposer brièvement les faits sur lesquels elles reposent.

C’est une des vues les plus remarquables de Lavoisier, d’avoir annoncé que, dans les substances minérales désignées sous le nom commun de terres et d’alcalis, il existe de véritables métaux. Par une prévision de son génie, dont on devait plus tard comprendre toute la portée, l’illustre créateur de la chimie moderne avança que les alcalis fixes, et les terres depuis longtemps désignées sous le nom de chaux, de magnésie, d’alumine, de baryte, de strontiane, etc., ne sont autre chose que des oxydes d’un métal particulier. Vingt années après, Humphry Davy, appliquant à l’analyse de ces composés la pile de Volta, justifia avec éclat cette prévision de Lavoisier. Il sépara, grâce à l’action décomposante du fluide électrique, l’oxygène et le métal qui constituent, par leur union, les alcalis et les terres.

En agissant de la même manière sur la potasse et la soude, Davy isola leurs radicaux métalliques, le potassium et le sodium. Peu de temps après, en opérant sur la baryte, la strontiane et la chaux, il retira de ces terres leurs radicaux métalliques, le baryum, le strontium et le calcium. Mais, en raison de la faible conductibilité électrique des composés terreux, Davy ne put parvenir à réduire, au moyen de la pile, le reste des bases terreuses, c’est-à-dire l’alumine, la glycine, l’yttria et la zircone.

Plusieurs chimistes, entre autres Berzelius et Œrstedt, échouèrent dans la même tentative, et pendant vingt ans ce ne fut que par une vue théorique, fondée sur l’analogie, que l’on put considérer ces substances comme des oxydes métalliques. Ce n’est qu’en 1827 qu’un chimiste allemand, M. Wöhler, parvint à les réduire.

M. Wöhler eut la pensée de substituer un puissant effet chimique à l’action de la pile de Volta, pour l’extraction des métaux ter-