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sion, suivie d’une sortie, le suif en se refroidissant, forme une nouvelle couche solide, et la superposition de ces couches finit par donner la chandelle avec la grosseur voulue. Un calibre est placé à la portée de l’ouvrier. De temps en temps, il fait passer la chandelle par le trou de ce calibre, et il arrête enfin ses plongées lorsque la chandelle ne glisse plus qu’avec difficulté.

Il ne reste plus qu’à former le bout effilé de la chandelle. L’ouvrier y parvient en rognant avec une espèce de couteau le suif autour de l’extrémité de la chandelle de manière à la terminer en cône.

Si l’on veut remédier à l’extrême fusibilité du suif, et obtenir des chandelles perfectionnées, on ajoute au suif une petite quantité de cire, qui augmente la consistance de la chandelle et l’empêche de couler. Quelquefois, au lieu de mêler le suif à la cire, on fond la cire à part, et on l’introduit dans le moule à chandelle, que l’on roule ensuite horizontalement, jusqu’à ce que ses parois soient couvertes de cire. Ensuite on coule du suif à la manière ordinaire dans le moule, et l’on obtient ainsi une chandelle entièrement revêtue de cire, dont l’aspect est agréable et le prix peu élevé. Ces chandelles enrobées de cire, qui furent d’abord une véritable falsification, quand on les vendait comme de véritables bougies, ont été un perfectionnement très-avouable, quand on les a vendues sans dissimuler leur mode de fabrication.

Les chandelles, au sortir des moules, sont jaunâtres. Pour les décolorer, il suffit de les exposer au grand air, à la rosée et au serein, dans des lieux à l’abri du soleil.


CHAPITRE XI

la bougie stéarique. — théorie de la fabrication des acides gras destinés à l’éclairage. — histoire des travaux chimiques qui ont amené à la découverte des acides gras. — recherches de braconnot et de chevreul.

Depuis la loge du portier jusqu’à la mansarde, en passant par les aristocratiques salons du premier étage, la bougie stéarique se trouve aujourd’hui partout. Il sera donc utile d’entrer dans quelques détails au sujet de son invention.

La bougie stéarique n’est autre chose, en définitive, que la partie la plus concrète du suif, séparée et moulée comme la chandelle. Comment les chimistes sont-ils parvenus à effectuer cette séparation par des procédés simples et économiques ? Quelle est la véritable nature de ce corps gras concret ? Pour répondre avec clarté à ces questions, il faut commencer par rappeler les différences qui existent entre la bougie stéarique et la chandelle.

La bougie stéarique diffère de la chandelle par sa consistance physique. La matière qui la compose est bien moins fusible que le suif ; il en résulte qu’elle ne coule pas pendant sa combustion. On peut ajouter qu’elle ne salit pas les objets sur lesquels elle vient à se répandre ; ou du moins que les taches qu’elle laisse par le refroidissement de la matière fondue, disparaissent par un simple frottement.

La bougie stéarique n’a pas besoin d’être mouchée. Cet avantage provient de la structure particulière de la mèche, que l’on forme de trois fils de cotons tressés, c’est-à-dire tordus en sens opposé. À mesure que la bougie brûle, cette torsion est détruite, et par suite de plus grande longueur et de la tension plus forte donné à l’un des brins, la mèche s’infléchit légèrement ; elle parvient ainsi dans la partie extérieure, ou