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Fig. 430. — Des ouvriers revêtus du scaphandre remettent à flot un bâtiment échoué (page 675).

« Les parties verticales et planes du navire n’offraient pas de difficultés ; le plongeur les nettoyait debout sur son marchepied.

« Sous la quille et dans les formes rentrantes, il gonflait son habit d’air, il changeait ainsi son déplacement et se collait contre le navire, étendu sur son marchepied presque horizontalement.

« Une pareille manœuvre faite avec le scaphandre serait très-dangereuse ; on serait exposé à voir le plongeur remonter, entraîné les pieds en l’air.

« La séparation absolue de l’appareil respiratoire et de l’habit protecteur du froid permet d’accoster tous les points de la carène et résout la plus grande difficulté d’un entretien constant des parties immergées dans un état parfait de propreté.

« L’habit en caoutchouc sert, à proprement parler, au plongeur, de vessie qu’il gonfle et dégonfle à volonté, dont il peut changer le déplacement à un demi-litre près, sans que ces manœuvres influent en rien sur le règlement de sa respiration. De là la surprenante facilité du travail sous les flancs des navires.

« Les matelots prennent très-vite l’habitude de ces travaux. Des canonniers, des timoniers, entièrement étrangers au métier de plongeur, étaient arrivés en quelques jours à faire sept heures de travail sous l’eau. J’aurais diminué ce nombre d’heures, mais, après 3 heures 30 minutes de séjour dans l’eau le matin, ils remontaient sans aucune fatigue, avec la figure naturelle, le pouls très-normal, et ils demandaient à redescendre l’après-midi. Les bras seuls étaient fatigués le soir par le mouvement continu de la brosse.

« Cette facilité de mouvement sous la carène permettra une propreté absolue de la carène des navires en cours de campagne.

« Il n’y a, en effet, aucune disposition particulière à prendre, et difficile à installer à la mer, telle que : échelles en bois, plates-formes, etc. Quel que soit l’état de la mer, avec l’échelle de corde, la tringle en fer servant de marchepied, la pompe dans la batterie ou sur le pont, on peut plonger sous la carène.

« Il a venté, dans le cours du nettoyage du Taureau, à deux reprises différentes, une forte brise de N.-O. J’ai tenu à faire continuer le travail. Dès que les plongeurs étaient à 1m,50 sous l’eau, ils ne ressentaient plus l’effet de la lame et travaillaient comme les jours de calme.

« Pour embarquer à bord, ils se gonflaient d’air et flottaient au-dessus de l’eau, toujours dans une position verticale : il devenait très-facile de s’écarter du bord et de les faire monter dans une embarcation qui portait ordinairement la pompe. Lorsqu’il y avait trop de mer, on pompait sur le pont du navire.