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la forme d’un cigare. En d’autres termes, c’est un long cylindre, terminé par deux cônes. Il est hermétiquement fermé, et éclairé intérieurement par un grand nombre de fenêtres circulaires. Il est pourvu d’une écoutille permettant d’y entrer et d’en sortir. Pour s’enfoncer, il suffit de remplir d’eau, au moyen d’une pompe, des tubes en gutta-percha placés à l’intérieur et communiquant avec l’extérieur par un conduit à robinet ; pour s’élever, on vide ces mêmes tubes. L’appareil propulseur consiste en une hélice mue par une machine sur laquelle nous ne possédons aucun détail. Le diamètre du bâtiment est de 1m,11, et sa longueur de 11m,55.

La figure 426 représente le bateau-cigare de M. Villeroi.

Fig. 426. — Navire sous-marin de M. Villeroi, ou bateau-cigare.

On s’accorde à reconnaître que l’appareil de notre compatriote constitue l’une des tentatives les mieux conçues dans le domaine, si difficile et si peu exploré, de la navigation sous-marine.

Avant d’être proposé en Amérique, le bateau de notre compatriote, M. Villeroi, avait été essayé à Noirmoutiers. Un journal du temps, le Navigateur, publiait, à propos de cette expérience, l’article suivant :

« À 4 heures, la mer étant dans son plein, M, Villeroi est entré dans sa machine et l’a poussée au large. Le bateau à vapeur sous-marin a d’abord couru à fleur d’eau pendant une demi-heure, ensuite il a plongé dans 15 ou 18 pieds d’eau ; où il a enlevé du fond des cailloux et a recueilli quelques coquillages. Il a couru ensuite en divers sens pendant cette submersion, pour tromper une partie des canots qui l’avaient entouré depuis le commencement de l’expérience. M. Villeroi, remontant ensuite, a reparu à quelque distance, se dirigeant à fleur d’eau dans diverses directions, et après cette navigation, qui a duré en totalité cinq quarts d’heure, il a ouvert son panneau et s’est montré au public, qui l’a accueilli d’un vif intérêt et de ses suffrages. »

Il a été essayé en 1862, à Barcelone, un bateau sous-marin, que l’inventeur, M. Narciso Monturiol, appelait El Ictineo. L’auteur de l’Espagne contemporaine, publiée en 1862, dit que cette embarcation sub-aquatique fut expérimentée au moins une soixantaine de fois.

Un journal de Paris écrivait ce qui suit, au sujet du bateau-poisson expérimenté à Barcelone en 1862 :

« J’ai vu l’Ictineo. Il manœuvre à 18 mètres sous l’eau avec la même facilité qu’à sa superficie. Quand l’oxygène manque, un appareil le produit à mesure que le besoin s’en fait sentir, et pendant cinq heures un équipage de dix hommes est resté sous l’eau sans communication avec l’air supérieur. Ce n’est pas tout : le navire est armé de canons et fait la manœuvre de cette arme avec autant de justesse qu’à terre ou à bord d’un autre navire ; les coups sont dirigés de bas en haut contre la partie vulnérable de la coque des navires blindés. L’Ictineo est, en outre, armé d’une puissante tarière mue par la vapeur et propre à percer la coque des navires. L’invention mérite d’attirer les regards des marins et des soldats. »

Nous devons également une mention très-honorable au bateau le Plongeur du contre-amiral Bourgois.

Ce bateau fut lancé à Rochefort en 1863. Mesurant 44 mètres de long, il a la forme d’un cigare légèrement aplati. Il est mû par une machine à air comprimé, de la force de