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dont l’épreuve pourrait être très-périlleuse. Il n’y a plus de doute maintenant qu’on ne puisse établir une navigation sous marine très-expéditivement et à peu de frais ; et nous croyons que MM. Coëssin ont établi ce fait par des expériences certaines. »

Plus tard, c’est-à-dire vers 1840, un autre inventeur essayait au Havre un bateau sous-marin. Mais la plus triste fin était réservée à cette tentative. Le bateau, après s’être abaissé, avec l’inventeur, dans les profondeurs de l’eau, en rade du Havre, ne reparut point. On ne saurait imaginer de critique plus funeste de cette invention.

En 1844, un autre bateau sous-marin, celui du docteur Payerne, fut expérimenté sur la Seine, avec un certain succès.

Le premier bateau sous-marin du docteur Payerne avait la forme d’une énorme caisse, dont la base ne mesurait pas moins de 64 mètres de superficie et dont la hauteur atteignait jusqu’à 6 mètres. Il ne constituait au fond qu’une monstrueuse cloche à plongeur, capable de renfermer trente hommes dans ses flancs, et susceptible d’être coulée à fond ou ramenée à la surface par les travailleurs sous-marins eux-mêmes. Plus tard l’appareil prit une véritable forme de bateau, et l’inventeur le compléta par un appareil propulseur qui devait lui permettre de se mouvoir rapidement sous les eaux.

Le principe de cette machine est celui-ci : Introduire préalablement dans le bateau une quantité d’air comprimé, dont la pression varie selon la profondeur qu’on veut atteindre ; — aspirer de l’eau dans des compartiments spéciaux lorsqu’on désire descendre, et cela à l’aide d’une pompe placée au sein de la machine elle-même ; — puis, refouler cette eau, au moyen de la même pompe, pour remonter. En un mot, substituer l’air à l’eau, et réciproquement, dans certains compartiments qui communiquent ensemble par des robinets, et modifier ainsi à volonté la densité de l’appareil : voilà le système du bateau de Payerne.

L’air contenu dans la machine se viciant rapidement par le fait de la respiration des ouvriers, il fallait trouver le moyen de rendre cet air respirable jusqu’à extinction presque complète de l’oxygène. M. Payerne débarrassait l’air respiré de l’acide carbonique qui le surchargeait, en faisant usage d’un artifice assez grossier, mais qui avait le mérite de la nouveauté. Il forçait l’air à traverser une dissolution de potasse par l’intermédiaire d’un fort soufflet dont la tuyère se terminait par une pomme d’arrosoir.

La figure 424 représente l’appareil primitif, ou hydrostat sous-marin de M. Payerne, qui n’était, comme on le voit, qu’une vaste cloche à plongeur. C’était une caisse pleine d’air comprimé reposant sur le fond de la mer, Dans le compartiment du bas (A), des hommes exécutent divers travaux ; quelques-uns restés dans celui du haut, montent les matériaux extraits et manœuvrent en cas de besoin la pompe, P. Tous sont plongés dans l’air comprimé. Le compartiment du milieu (DD′) est rempli d’eau. Un espace est ménagé dans le compartiment, pour laisser une corde destinée à remonter les déblais ou autres objets dans le compartiment supérieur (C). Il va sans dire que la caisse est ouverte par la base, et qu’à l’aide d’une pompe à compression placée sur le rivage ou dans l’intérieur du bateau, on envoie aux travailleurs, de l’air comprimé pour maintenir tout le système dans le même équilibre.

Dans un ouvrage récent, M. Sonrel a décrit, comme il suit, l’hydrostat sous-marin, ou le premier appareil du docteur Payerne.

« L’hydrostat sous-marin a extérieurement la forme d’une grande caisse rectangulaire surmontée d’une autre un peu plus petite. Le tout peut se fermer hermétiquement, sauf par-dessous, où l’on a laissé une large ouverture.

« L’hydrostat renferme trois compartiments principaux. L’inférieur, ou la cale, est ouvert par le bas, et communique par une large cheminée ou bure avec le compartiment supérieur ou entre-pont. Entre eux est un troisième compartiment, ou faux-pont, qui ne communique avec ses voisins que par des