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l’atmosphère, un homme adulte consomme environ 12 litres d’air par minute. À 10 mètres de profondeur, il en consommera 12 litres à la pression de 2 atmosphères ou 24 litres à la pression ordinaire ; à 20 mètres, 12 litres à 3 atmosphères ou 36 litres à la pression ordinaire, etc. De là à 80 ou 100 litres, il y a de la marge.

Les résultats précédents sont déjà très-remarquables ; MM. Rouquayrol et Denayrouze sont allés plus loin encore en construisant un appareil dit compresseur-compensateur, qui, composé de quatre corps de pompe, permet de comprimer l’air, sans chaleur ni fuite, à une pression de 40 atmosphères.

Cependant cet appareil n’a pas donné de bons résultats, et l’on ne se sert dans la pratique que de la pompe à compression que nous venons de décrire, c’est à-dire le compresseur à deux corps de pompe, qui permet de remplir un réservoir de 25 litres d’air à 16 atmosphères en 6 minutes. Cette provision d’air suffirait pour faire vivre un marin sous l’eau pendant 15 à 20 minutes.

De nombreuses expériences ont été faites avec les appareils Rouquayrol-Denayrouze. Elles ont constamment donné des résultats satisfaisants, et diverses commissions nommées, tant dans les ports militaires français qu’en Angleterre, dans les Pays-Bas et en Italie, ont conclu à l’adoption de ces appareils. Il est évident que ce nouveau scaphandre augmente la puissance de l’homme dans les milieux irrespirables. On lui reproche seulement la difficulté qu’ont les ouvriers à s’en servir. Un exercice préalable, une certaine habitude sont nécessaires pour que les plongeurs puissent confier leur vie avec assurance au nouvel appareil.


CHAPITRE VI

les bateaux sous-marins. — essais de van drebbel. — appareil du père mersenne, de bushnell, de fulton et des frères coessin. — bateaux plongeurs de m. payerne, de m. villeroi et de m. le contre-amiral bourgois. — nautile de m. samuel hallet.

Nous venons de décrire deux inventions bien connues et arrivées à une véritable perfection. Il nous reste à parler d’un appareil beaucoup moins avancé dans son perfectionnement, et sur lequel les renseignements précis manquent, ce qui est l’indice d’un état d’enfance de ces appareils. Nous voulons parler des bateaux sous-marins.

La cloche à plongeur et le scaphandre sont des appareils fixes, ou peu s’en faut. Cela est absolument vrai pour la cloche à plongeur ; quant au scaphandre, il ne permet guère à l’explorateur sous-marin que de faire une douzaine de pas dans toutes les directions. Le plongeur ne peut parcourir sous l’eau, une distance horizontale un peu considérable, sans être accompagné de l’embarcation qui porte la pompe à air, et qui doit le recueillir en cas d’accident. Il dépend donc forcément de volontés autres que la sienne ; il est subordonné à certains faits extérieurs. C’est là un inconvénient sérieux, auquel on s’est efforcé, depuis longtemps, de porter remède, en créant un bateau susceptible de naviguer sous les eaux.

Quelle merveille ne serait pas un appareil de cet ordre, en supposant qu’il eût toute la perfection désirable ! Avec cet engin nouveau, plus d’obstacles à la curiosité de l’homme ! Dirigeant son esquif à son gré, le plongeur parcourt dans tous les sens les profondeurs sous-marines. Il est son maître, il est le seul juge de l’opportunité de ses manœuvres. Il n’est plus surpris par l’imprévu, et il n’en est plus réduit à attendre de la surface des services, qui arrivent souvent trop tard, parce que les communications sont lentes et difficiles.