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pape, s, qui joue un grand rôle dans l’appareil ; c’est la soupape de distribution d’air. Elle est à clapet conique, s’ouvre de haut en bas, et a quelques millimètres d’ouverture seulement ; la moindre poussée suffit pour l’écarter de son siége.

Les figures 410, 411 et 412 représentent la soupape de distribution d’air, le clapet et la tige, qui sont vus en coupe dans la figure 409.

Fig. 410. — Soupape de distribution d’air.
Fig. 411. — Clapet conique.
Fig. 412. — Plateau et sa tige.

Voyons maintenant fonctionner le poumon artificiel. On sait qu’une atmosphère correspond, en poids, à une colonne d’eau de 10 mètres environ. Si donc le plongeur est descendu à 30 mètres, par exemple, il aura à supporter une pression de 4 atmosphères, se décomposant ainsi : la pression atmosphérique d’une part, et de l’autre la pression d’une colonne d’eau de 30 mètres représentant 3 atmosphères. Le manomètre de la pompe ne devra donc jamais marquer moins de 5 atmosphères.

Supposons cette condition remplie ; voici le plongeur descendu avec l’appareil. Il arrive alors que l’eau presse sur la calotte en caoutchouc C (fig. 409), et par suite sur le plateau que ne soutient aucune pression intérieure, puisque la chambre à air, B, est vide. Le plateau descend donc d’une certaine quantité, et la tige centrale, C, vient butter contre la soupape, qui s’ouvre et laisse pénétrer l’air du réservoir, R, dans la chambre supérieure. Cet afflux se continue jusqu’à ce que le fluide ait acquis dans cette chambre une pression suffisante pour contre-balancer celle du liquide ; il force alors le plateau à remonter, et l’équilibre s’établit.

N’est-il pas évident maintenant que si le plongeur aspire l’air contenu dans la chambre B, il l’introduira dans ses poumons à une pression égale à celle que supporte le plateau, et par conséquent aussi à celle qui s’exerce extérieurement sur la poitrine ? Mais, l’aspiration ayant pour effet de diminuer la pression dans la chambre, l’équilibre est aussitôt détruit ; le plateau redescend, la soupape s’ouvre de nouveau, et l’air comprimé passe du réservoir R dans la chambre B jusqu’à ce que la pression extérieure soit atteinte. Une autre aspiration est suivie des mêmes phénomènes, et ainsi de suite. Après chaque aspiration, l’équilibre est donc rétabli dans la chambre à air, et dès que cesse la dilatation des poumons, la soupape se ferme instantanément par l’excès de pression du réservoir d’air.

Ainsi l’appareil fournit automatiquement au plongeur sa ration d’air à la pression voulue ; les poumons règlent eux-mêmes l’introduction dans la poitrine du fluide respirable, en agissant indirectement sur la soupape de distribution. Rien de plus ingénieux ni de plus exact.