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entravée par divers accidents qui en retardèrent l’achèvement.

Les tubes étaient en cuivre rouge ; ils avaient 3 millimètres d’épaisseur, et formaient une seule colonne de trois diamètres différents (0m,18, 0m,22 et 0m,25) pesant 10 000 kilogrammes. Cette colonne devait être descendue jusqu’à la profondeur de 408 mètres seulement, et là elle devait être vissée sur le dernier tuyau de retenue de 0m,17, afin de ne pas abaisser au-dessous de ce chiffre le diamètre du trou de sonde.

Les tuyaux d’ascension furent conduits sans trop de difficulté jusqu’à la profondeur voulue ; mais comme on ne put les fixer solidement, on essaya de les retirer pour les mieux placer : entreprise d’autant plus nécessaire que, depuis plusieurs jours, une accumulation de sables et d’argiles, à l’orifice inférieur du sondage, interceptait fortement le passage de l’eau. On se mit donc en mesure de sortir les tubes ; mais on en avait à peine extrait une cinquantaine de mètres, lorsque l’eau recommença à couler, charriant de grandes masses de sable : il fallut renoncer à retirer les tubes. En attendant, l’espace annulaire compris entre les colonnes de retenue et les tubes d’ascension, se remplissait de sable, et l’eau coulait fort trouble. On décida alors de descendre la colonne de cuivre jusqu’à 548 mètres, contrairement à la première résolution, afin de prévenir tout éboulement de l’argile non tubée ; et l’on fabriqua des tubes de cuivre qui devaient passer dans les tuyaux en fer de 0m,17.

Lorsqu’il fallut les introduire dans le sondage, on s’aperçut que ceux déjà en place étaient aplatis en divers endroits, par suite d’un excès de pression extérieure, non prévue.

Ces tubes étaient trop faibles pour résister à la poussée des eaux qui avaient pénétré entre eux et les tuyaux de retenue ; il fallait donc absolument les remplacer, car, en admettant qu’on parvînt à les redresser aux endroits attaqués, de nouveaux aplatissements se produiraient. C’est en effet ce qu’on constata par expérience. Trois accidents de ce genre ayant été réparés à l’aide de cylindres enfoncés dans les tubes, un quatrième se déclara soudainement.

On eut beaucoup de peine à retirer les 358 mètres de tubes de cuivre restés dans le forage, précisément à cause des dépressions qui empêchaient les instruments de manœuvrer.

Une commission nommée par le préfet de la Seine avait décidé que le second tubage serait fait, non en cuivre, mais en tôle galvanisée, de 0m,005 d’épaisseur, pouvant supporter une pression de 70 atmosphères. La descente de cette colonne, qui pesait 12 000 kilogrammes, s’accomplit sans difficultés, mais elle s’arrêta à 408 mètres : on avait reconnu que le tube de fer de 0m,17 était courbé, ce qui excluait toute possibilité de pousser les tuyaux galvanisés jusqu’à la rencontre de la nappe jaillissante.

Les choses étant en cet état, on s’aperçut qu’il sortait de l’eau par l’espace annulaire. On en rechercha la cause, et l’on constata que le liquide filtrait de l’intérieur du trou de sonde par certaines fissures du tube en fer de 0m,17, dans lequel circulait directement la colonne des eaux. Pour obvier à cet inconvénient, on remplit d’abord de chaux hydraulique l’espace compris entre le tube de 0m,51 et celui de 0m,35 ; puis on combla avec 20 mètres cubes de sable quartzeux très-fin, les intervalles existant entre les autres tubes et la colonne de tôle galvanisée.

Le 30 novembre 1842, c’est-à-dire au bout de neuf ans, les travaux furent complétement terminés. Le sondage proprement dit avait coûté 262 375 francs, et le tubage 100 057 francs, se décomposant ainsi : 37 000 francs de tuyaux en cuivre, 63 057 francs pour la fourniture et la pose des tuyaux en fer galvanisé. Le prix total de l’exécution du puits de Grenelle jusqu’à la surface du sol fut donc de 362 432 francs.