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ment d’une colonne de garantie en bois, dans un ouvrage remarquable, qui fit longtemps autorité sur la matière, dans le Traité des puits artésiens de F. Garnier[1], livre qui a longtemps servi de guide aux constructeurs et ingénieurs pour l’art du forage. L’ouvrage de MM. Degousée et Laurent, publié postérieurement, lorsque l’art du sondage a pris de grands développements, a remplacé le traité classique de Garnier, par suite de la marche naturelle du progrès.

Nous ne reproduirons pas les détails dans lesquels F. Garnier entre sur la fabrication des coffres de bois, c’est-à-dire de ce que l’on nomme aujourd’hui les colonnes de garantie. Les tuyaux de bois ont été conservés pour fabriquer les tubes d’ascension des eaux artésiennes. C’est donc en parlant de l’établissement de ce tubage définitif en bois, que nous entrerons dans quelques détails sur le mode de fabrication et d’enfoncement de ce genre de tuyaux.

C’est avec des tubes de tôle que l’on établit aujourd’hui les colonnes de garantie. La tôle doit être d’excellente qualité, pouvant fléchir ou se bossuer, mais non se déchirer. L’épaisseur du métal doit s’accroître proportionnellement au diamètre des tuyaux ; elle est calculée de telle sorte que ceux-ci ne se déforment point sous l’effort d’une pression normale.

Les tubes de tôle sont introduits dans le trou du forage par longueurs de 6, 7 et 9 mètres. Il faut raccorder ces diverses fractions les unes avec les autres. Ce raccordement s’accomplit au moyen de manchons également en tôle, et dans lesquels les tubes sont posés bout à bout sur la même ligne verticale, comme le représente la figure 367.

Fig. 367. — Tuyau muni de son manchon.

La hauteur des manchons est proportionnée au diamètre des tuyaux ; plus elle est grande, plus la jonction est facile et solide. Chaque manchon est rivé par moitié sur les deux bouts de tuyaux qu’il a pour fonction de réunir, lorsque ceux-ci sont descendus à une petite profondeur dans le sondage. Cette opération s’exécute comme nous allons le décrire.

ABCD (fig. 368) est l’excavation par laquelle on a commencé le sondage, et sur laquelle repose la chèvre. EE, est un plancher de manœuvre, sur lequel se tiennent les hommes chargés de la conduite et de la surveillance du travail ; HH, un second plancher, soutenu par deux madriers solidement fixés, et situé aussi bas que possible à l’intérieur de l’excavation ; enfin TT est un troisième plancher établi dans la chèvre.

On descend un premier bout de tuyau dans le puits, en le prenant par le haut, au moyen d’un collier en fer, ou simplement à l’aide d’un cordage passé sous le manchon, et par lequel on tient le tube suspendu verticalement. Le manchon étant arrivé à 50 ou 60 centimètres du plancher EE, on arrête le tuyau au moyen du collier L, qui le serre comme un étau. Le chef sondeur descend alors sur le plancher inférieur HH, et s’occupe, conjointement avec un ouvrier resté sur le plancher de manœuvre, EE, d’obtenir une parfaite verticalité du tube. À cet effet, il observe attentivement la direction d’un fil à plomb a tenu par l’ou-

  1. Traité sur les puits artésiens ou sur les différentes espèces de terrains dans lesquels on doit rechercher des eaux souterraines, par F. Garnier. Paris, 1826, in-4, avec planches.