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dant la détente du ressort. C’est ce que M. Allard n’indique nullement.

On a surtout opposé à M. Franchot le quatrième brevet d’addition obtenu par M. Allard le 31 décembre 1828. Voici la copie textuelle de l’exposé de cette addition :

« Je ferai remarquer ici que la loi suivant laquelle l’huile s’écoule à travers les tuyaux capillaires, ou à très-petits orifices, et qui a été expliquée dans le deuxième brevet de perfectionnement et d’addition, a également lieu pour tous les autres fluides et même pour les fluides élastiques, et qu’elle donne des résultats proportionnels à la longueur des tubes, au diamètre de leur orifice et à la densité spécifique des fluides avec de légères variations.

« Il résulte de là qu’on peut aussi bien se servir de tubes capillaires pour régler l’écoulement de l’huile que pour celui de l’air qui vient peser sur sa surface et faire même concourir les deux effets vers un même but : celui d’alimenter convenablement le bec. Il suffit pour cela d’employer comme moyen de communication, entre l’air et l’huile, un tube capillaire d’un calibre plus petit que l’on peut rétrécir au besoin en y introduisant et étendant, dans toute sa longueur, soit un fil de métal d’un diamètre convenable à l’effet qu’on se propose, soit un ou plusieurs fils de soie, etc. »

L’auteur n’indique rien de plus sur la manière de faire varier la longueur du canal suivant la décroissance de la pression. Il décrit un dispositif de réservoir, sorte de piston gazomètre, et qui n’a point pour effet de faire varier cette longueur.

Ainsi, M. Allard a réellement posé les conditions d’un bon régulateur, mais il n’a donné aucune solution applicable du problème qu’il s’est posé. Il s’est vraisemblablement borné, comme il le dit autre part dans son brevet, à régler son modérateur sur la pression la plus faible, ce qui ne constitue nullement un régulateur. En admettant que M. Franchot ait eu connaissance du brevet de M. Allard, il s’est borné à résoudre le problème posé, mais laissé sans solution par ce dernier.

Indépendamment de l’action régulatrice obtenue par la fixité de la tringle de fer de M. Franchot, combinée avec le mouvement du piston dans la tige duquel cette tringle pénètre, le va-et-vient relatif continuel de ladite tringle dans la tige creuse désobstrue ce canal rétréci. Le modérateur de M. Franchot sert donc à la régularisation et au dégagement tout à la fois[1].

Il ressort de cette discussion, que les divers organes de la lampe à modérateur avaient été, non-seulement trouvés, mais employés avant M. Franchot, et que le rôle de ce mécanicien se borna à réunir en un seul tous ces divers organes, en les perfectionnant dans leurs dispositions pratiques.

Fig. 37. — Franchot.

Si l’on voulait même rechercher l’inventeur fondamental de ce système de lampes, il faudrait remonter aux temps du premier Empire, et dire que cet inventeur primitif fut Astéar, qui avait imaginé la lampe-chandelle, c’est-à-dire une lampe dans laquelle l’huile était poussée dans le tuyau d’ascension par un ressort à boudin, ce qui permettait d’éclairer circulairement à la manière des chandelles, car c’était là le grand problème que l’on se posait alors. Les inventions que nous avons successivement passées en revue, se sont exercées, en définitive, sur la lampe d’Astéar ; elles avaient pour but de réaliser dans des conditions pratiques, l’idée de la lampe-chandelle du premier Empire.

Il nous reste à dire que les inventeurs de la lampe à modérateur, c’est-à-dire, Astéar, Joanne, Mallebouche, Allard, Franchot, n’ont

  1. Génie industriel, par Armengaud, In-8, Paris, 1854.