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procédés pour creuser la terre en vue de l’établissement d’un puits artésien. Nous croyons nécessaire, avant d’aller plus loin, de faire connaître et de comparer entre eux ces différents procédés.

Les principaux systèmes de forage qui ont été expérimentés de nos jours, sont, indépendamment du procédé habituel, que nous venons de décrire :

1o Le système chinois, ou sondage à la corde, qui consiste, comme nous l’avons vu, à faire agir par percussion un poids suspendu au bout d’une corde, et qui produit l’effet mécanique du mouton ;

2o Le système prussien, dans lequel des tiges en bois ferré sont unies aux tiges en fer, et où l’on fait usage d’un débrayage tout particulier ;

3o Le système de sondage creux, dans lequel une série de tiges creuses à vis, servent de guide à la corde qui soutient l’instrument percuteur ;

4o Le système Fauvelle, qui consiste à ajouter à la sonde creuse une pompe foulante, pour opérer, au moyen d’un courant d’eau, le retrait des débris.

Nous allons examiner sommairement ces diverses méthodes, en mettant en lumière leurs avantages ou leurs inconvénients.

Système chinois, ou sondage à la corde. — Lorsqu’on connut en Europe, la relation du père Imbert, d’après laquelle les Chinois creuseraient des puits de 500 à 600 mètres, avec l’unique secours d’un poids en fer suspendu à une corde, bien des personnes furent frappées de la simplicité d’un tel procédé, et se mirent en devoir de l’appliquer dans notre pays. Un assez grand nombre d’essais furent entrepris ; mais ils réussirent peu, et si l’on obtint quelques succès, c’est parce que l’on sut borner l’application de ce système à une nature particulière de terrains. Ce qui ressort, en effet, des essais qui ont été faits du sondage à la corde, c’est qu’il ne saurait être généralisé, sous peine d’aboutir maintes fois à l’insuccès. Si les habitants du Céleste Empire atteignent ainsi des profondeurs de 500 et 600 mètres, c’est que les terrains de la région des puits de sel, en Chine, se prêtent merveilleusement à ce genre de sondage. Prétendre l’appliquer à toutes les formations géologiques, serait ne tenir aucun compte des leçons de l’expérience, et s’exposer à des déboires certains, en supposant même qu’aucun accident ne vînt entraver la marche du travail, et nécessiter l’intervention de la sonde rigide pour réparer le mal.

En 1834, un forage de 45 mètres fut exécuté à Roche-la-Molière, dans le bassin houiller de Saint-Étienne, par le système chinois. M. Grüner, ingénieur des mines, formula ainsi qu’il suit, son jugement sur ce système :

« 1o Les avantages du sondage à la corde sont incontestables pour les terrains que l’on peut traverser au ciseau, et pour les trous ayant au moins 40 ou 50 mètres de profondeur.

2o Le sondage avec des tiges est préférable lorsqu’il s’agit d’une profondeur de 20 à 30 mètres seulement (parce que le fonçage est plus rapide).

3o L’engin ordinaire peut très-bien être employé pour le sondage à la corde.

4o Au moyen d’une tige suspendue à la corde par un anneau tournant et munie d’un ciseau simple, on peut forer un trou parfaitement cylindrique. »

Un des avantages du sondage à la corde, réside dans l’économie d’outillage qu’il permet de réaliser. Mais cette économie est souvent illusoire, car s’il se produit des accidents, si le câble se rompt, ou si l’outil perforateur reste engagé dans le trou, par suite d’un éboulement, de deux choses l’une : ou bien il faut abandonner le forage commencé, faute de pouvoir réparer l’accident, et alors c’est une perte considérable de temps et d’argent ; ou bien il faut avoir en réserve une sonde rigide, des outils raccrocheurs, en un mot tout le matériel de sondage ordinaire, et alors l’économie qu’on avait en vue disparaît complétement.