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deux cylindres verticaux en tôle. Il est muni d’une soupape de sûreté, d’un manomètre et d’un robinet pour l’échappement de l’air dans la trompette. L’air y est comprimé à la pression d’une atmosphère et trois quarts environ.

La trompette a 2 mètres de hauteur, se termine par un pavillon recourbé à angle droit, et est munie d’un vibrateur métallique qu’on règle à volonté entre certaines limites. Elle se place verticalement sur le tube de jonction des deux cylindres, et peut tourner librement autour de son axe. Une chaîne mue par un excentrique, lui imprime un mouvement circulaire de va-et-vient dans un espace angulaire de 180°. Le robinet d’introduction de l’air est alternativement ouvert et fermé par un mécanisme analogue. Dans l’appareil qui figurait à l’Exposition universelle de 1867, la durée du produit était de deux secondes et celle des intervalles silencieux était de dix secondes. La durée de la rotation de la trompette autour de son axe est calculée de manière que l’émission du son se fasse successivement dans diverses directions.

Le mécanisme peut être mis en mouvement par un manége à chevaux ou par une petite machine à vapeur. Dans ce dernier cas, la dépense de combustible s’élève de 5 à 6 kilogrammes par heure.

On a admis des interruptions dans le jeu de la trompette, afin de rendre les sons plus perceptibles, de réduire les dépenses, et de permettre d’adopter des notations assez tranchées pour prévenir les confusions entre les divers points qui auraient des signaux de ce genre.

Dans une expérience qui fut faite, à Paris, en présence de la commission des phares, la trompette à air comprimé fut entendue, par une petite brise de vent debout, à une distance de 6 kilomètres et demi, alors qu’une cloche en acier, du poids de 125 kilogrammes, n’envoyait des sons distincts qu’à 2 kilomètres environ.

Les pêcheurs de l’île de Molène ont affirmé avoir entendu par un temps calme, une trompette de ce genre, qui était essayée sur l’extrémité nord-ouest de l’île d’Ouessant, à près de 15 kilomètres de distance.

La prévoyance des marins ne s’arrête pas au moment où un navire entre dans le port. Il ne suffit pas de lui avoir signalé, à grande distance, par un phare d’atterrage, ou phare de premier ordre, l’approche d’un point déterminé de la côte ; — de lui avoir signalé, par un phare de deuxième ordre, le mouillage de la rade, — par un fanal, ou phare de troisième ordre, l’entrée du port. — Il ne suffit pas d’avoir semé sur sa route les balises et les feux flottants, les tours-balises, les bouées et les voyants. Il ne suffit pas de l’avertir, en temps de brume, par des signaux sonores, par la cloche, par les sifflets ou par la trompette retentissante. Le navigateur est accompagné, à l’entrée même, ou plutôt à l’intérieur du port, par un dernier avertissement. Quand, après avoir franchi les diverses zones éclairées et avoir reconnu le port à son feu, le marin se dispose à y entrer, il peut encore consulter les signaux qui lui sont faits pour lui indiquer la hauteur de l’eau dans le port. Ce sont là les signaux de marée.

Il n’est personne ayant passé quelques jours sur une plage de l’Océan, à Dieppe, à Trouville, à Cherbourg, à Brest, etc., qui n’ait vu faire les signaux de marée, au moyen de ballons placés le long d’un mât pourvu d’une vergue. Un ballon placé à l’intersection du mât et de la vergue, signale une profondeur d’eau de 3 mètres, dans tout le passage du chenal. Chaque ballon hissé sur le mât au-dessous du premier, ajoute un mètre à cette hauteur d’eau ; placé au-dessus, il en ajoute deux. S’il est placé tout à fait à l’extrémité de la vergue, il indique une profondeur de 0m,25, s’il est à gauche du mât, et 0m,50 s’il est à droite.