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CHAPITRE VIII

la lampe à modérateur. — la lampe solaire. — la lampe jobard, ou lampe du pauvre.

Ce qui contribua surtout à arrêter le succès des lampes hydrostatiques, ce fut la découverte de la lampe dite à modérateur.

On avait cherché vainement, pendant toute la durée du brevet de Carcel, un agent moteur différent de celui que Carcel avait si heureusement appliqué. On pensa enfin au ressort à boudin, au ressort des tapissiers ; puis on eut l’idée de l’artifice particulier consistant dans l’emploi d’une fine aiguille, qui, engagée plus ou moins dans le tuyau d’ascension, gêne ou facilite le passage de l’huile ; et les lampes à modérateur furent inventées.

L’idée de ce genre de lampe est assez ancienne ; mais la difficulté de construire économiquement le piston avait empêché de donner suite à cette idée. L’obstacle fut levé le jour où l’on réussit à fabriquer cet organique mécanique avec du cuir embouti, c’est-à-dire recouvert d’une enveloppe métallique.

Nous expliquerons d’abord en termes généraux, le mécanisme de la lampe à modérateur. Nous en donnerons ensuite, avec le secours des figures, une description détaillée.

Le réservoir d’huile est placé à la partie inférieure de la lampe, dans une enveloppe cylindrique. À l’intérieur de ce réservoir et occupant toute sa capacité, est un piston qui joue à frottement contre ses parois, comme le piston d’une pompe à eau. Ce piston est en cuir, recouvert d’une enveloppe métallique. Un ressort d’acier en spirale, c’est-à-dire un ressort à boudin, est fixé à la tête de ce piston. Lorsque, à l’aide d’une clef extérieure, on a tendu ou monté ce ressort, ce dernier, se détendant peu à peu, par l’effet de son élasticité, fait descendre lentement le piston dans l’intérieur du corps de pompe. À mesure que le piston s’abaisse, il exerce sur l’huile contenue dans le réservoir, une pression continuelle, qui force le liquide à s’élever dans le tuyau d’ascension, et le porte ainsi jusqu’à la mèche où la combustion s’effectue.

Mais à mesure que le piston descend dans le corps de pompe, la tension du ressort diminue, et par conséquent, la pression exercée sur l’huile devient plus faible. D’un autre côté, par suite du même abaissement du piston, la hauteur à laquelle il faut élever l’huile devient plus grande, puisque la longueur du tuyau est augmentée. Ces deux causes concourent à diminuer à chaque instant la vitesse d’ascension du liquide dans le tuyau, ce qui rend inégale l’arrivée de l’huile au bec de la lampe.

Il fallait remédier, par une disposition particulière, à cet inconvénient capital ; il fallait régulariser et rendre uniforme le mouvement ascensionnel de l’huile pendant toute la durée de la détente du ressort. L’artifice mécanique qui fut imaginé pour arriver à ce résultat est des plus ingénieux, et voici en quoi il consiste. Dans l’intérieur même du tube d’ascension de l’huile, on place une tige métallique très-fine, en d’autres termes, une simple aiguille de bas, qui est soudée au piston, et qui, par conséquent, marche avec lui et suit tous ses mouvements. Pendant les premiers temps de la détente du ressort, cette aiguille remplit presque toute la capacité intérieure du tube d’ascension de l’huile ; elle offre, par conséquent, au passage du liquide, un obstacle, qui a pour résultat de diminuer la quantité d’huile portée à la mèche. Mais, à mesure que le piston descend, l’aiguille qui s’abaisse avec lui, laisse au passage de l’huile un espace qui devient progressivement plus grand, et permet l’arrivée d’une quantité d’huile de plus en plus considérable. Ainsi l’abaissement successif de cette aiguille dans l’intérieur du tube d’ascension, dont elle occupait d’abord presque toute la capacité, a pour résultat de compenser l’affaiblissement que subit la force du