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c’est-à-dire susceptible de produire une vive lumière, par un grand afflux d’huile, et de distribuer la lumière sans projeter aucune ombre. On a essayé, par divers moyens, de conserver le réservoir d’huile à la partie inférieure de la lampe, tout en simplifiant le mécanisme destiné à provoquer l’ascension du liquide. La lampe hydraulique construite par Philippe de Girard, l’inventeur de la filature mécanique du lin, et qui était fondée sur le principe de la fontaine de Héron, obtint peu de succès. Mais il en fut autrement de la lampe hydrostatique qui, surtout entre les mains de Thilorier, obtint, pendant quelque temps, un succès de vogue, en raison de l’éclat de sa lumière et de la modicité de son prix.

Ce succès, toutefois, ne fut point durable. Les lampes hydrostatiques, si elles étaient économiques, étaient tout aussi sujettes que les lampes Carcel à des dérangements, et, par suite de la complication de leur mécanisme, il était difficile d’y faire exécuter des réparations quand elles devenaient nécessaires. Nous dirons quelques mots de la lampe hydraulique de Philippe de Girard, avant d’arriver à la lampe hydrostatique.

Philippe de Girard avait emprunté l’idée de sa lampe hydraulique à un inventeur bien ancien, puisque ce n’était rien moins que le mathématicien Héron, qui vivait deux siècles avant Jésus-Christ et enseignait les sciences mécaniques à l’École d’Alexandrie. Héron, dans un ouvrage qui nous a été conservé, décrit deux lampes pour la combustion de l’huile, qui sont fondées sur le principe de l’appareil connu dans la physique moderne, sous le nom de fontaine de Héron. Les anciens ne mirent pas à profit l’idée de Héron : les deux lampes qui sont décrites dans son ouvrage, ne furent pas exécutées, et ne passèrent point dans les usages pratiques, puisque toutes les lampes des anciens ont la forme primitive et simple que nous avons représentée au commencement de cette notice. Cependant la lampe hydrostatique, fondée sur le principe de la fontaine de Héron, est très-nettement décrite dans l’ouvrage du philosophe de l’École d’Alexandrie, et c’est à cette source que Philippe de Girard puisa l’idée de sa lampe hydraulique.

Fig. 27. — Lampe hydraulique de Héron

La première lampe décrite par le philosophe dans ses Pneumatiques est plus simple : c’est le prélude de la lampe hydrostatique du même auteur. On pourrait la désigner, sous le nom simple de lampe hydraulique. Elle se compose de deux vases superposés, M et N, et communiquant entre eux par deux tubes, dont l’un ACB, ouvert à la partie supérieure de l’appareil, descend presque au fond du vase inférieur, tandis que l’autre, D, très-court, établit seulement une communication entre les deux fonds superposés. Quand on verse de l’huile par le grand tube ACB, cette huile emplit d’abord le vase inférieur N, puis s’élève dans l’autre vase, M, où se trouve la mèche. À mesure que la combustion fait baisser le niveau de l’huile, on verse de l’eau dans le grand tuyau ACB, par la coquille A ; l’eau descend à la partie inférieure du vase, en raison de sa densité, élève l’huile, et la pousse jusqu’au bec.

Cette manœuvre offre peu d’avantages sur la lampe antique ordinaire.