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très-inférieure dans les lampes à mèches multiples. L’huile de coco donne une flamme plus belle que l’huile de colza, dans les lampes à une mèche, comme dans les lampes à mèches multiples ; mais elle a l’inconvénient de coûter plus cher et de se congeler à une température beaucoup plus élevée ; elle devient pâteuse à 19°, tandis que l’huile de colza ne se solidifie qu’à 3°. Il faut tenir compte dans la pratique de cette propriété relative.

Au reste, le tableau suivant, donné par M. Léonce Reynaud dans son ouvrage sur l’Éclairage et le balisage des côtes de France, indique l’ordre dans lequel les diverses espèces d’huiles doivent être classées, par rapport aux différentes qualités qu’on leur demande pour l’éclairage maritime.

DURÉE DE LA COMBUSTION
dans
une lampe à mèche.
INTENSITÉ DANS UNE LAMPE
à une mèche. à plusieurs mèches.
Huile de coco. Huile d’olive. Huile de coco.
Huile d’arachide. Huile de coco. Huile française de colza.
Huile de baleine. Huile de baleine. Huile anglaise de colza.
Huile française de colza. Huile d’arachide. Blanc de baleine.
Huile d’olive. Huile française de colza. Huile d’arachide.
Beurre. Huile anglaise de colza. Spermaceti.
  Blanc de baleine. Huile d’olive.


RÉSISTANCE
à la congélation.
ORDRE DE DÉCROISSANCE
du prix des huiles
(en France).
Huile anglaise de colza. Huile de baleine.
Huile française de colza. Huile de colza.
Huile de baleine. Huile de coco.
Huile d’olive. Huile d’arachide.
Spermaceti. Huile d’olive.
Huile d’arachide. Spermaceti.
Huile de coco.  

Ce tableau montre que l’huile de colza, française ou anglaise, est supérieure à toutes les autres, sous le rapport de l’intensité lumineuse, dans les lampes à mèches multiples, — l’huile de coco exceptée, — et sous celui de l’abaissement du point de congélation. Au point de vue de l’intensité lumineuse et de la durée de la combustion dans les lampes à une mèche, elle occupe une bonne moyenne, et quant au prix d’achat, elle est préférable aux autres, sauf l’huile de baleine, qui doit d’ailleurs être rejetée, à cause du peu de durée de sa combustion.

Depuis quelque temps, les phares de quatrième ordre sont éclairés au moyen d’huiles minérales, soit celle de schiste, soit celle de pétrole, qui présentent certains avantages sur les huiles grasses. Elles sont d’abord moins dispendieuses. Tandis que l’unité de lumière revient à 6 centimes avec l’huile de colza, elle ne coûte que 3 centimes 1/2 avec les huiles minérales. Cela ne tient pas seulement à ce que le prix d’achat de ces huiles est moins élevé ; elles ont cet autre avantage, de donner une flamme plus lumineuse, pour un même poids de combustible consommé.

Un autre mérite des huiles minérales, c’est que la flamme qu’elles fournissent est moins haute que celle de l’huile, et conséquemment, s’écarte moins du foyer théorique.

Elles ont pourtant l’inconvénient de fumer, pour peu que le courant d’air soit trop vif ou trop faible ; de sorte que le réglage des lampes exige des soins très-attentifs.

Nous avons fait connaître précédemment le principe des lampes imaginées par Arago et Fresnel pour l’éclairage des phares. On n’a presque rien changé, depuis leurs travaux, aux dispositions adoptées par ces deux savants.

Les lampes actuelles comportent un nombre variable de mèches concentriques, suivant l’ordre des phares. Celles des phares de premier ordre ont quatre mèches, celles du second ordre en ont trois, celles du troisième ordre ont deux mèches, et celles des fanaux, une seule.

Une longue expérience a montré que la surabondance de l’huile qui vient baigner et refroidir le bec des lampes Carcel employées à l’éclairage des phares, doit atteindre le tri-