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poule, en frottant contre ses parois. Dans cette capacité alternativement comprimée et rendue à ses dimensions primitives, il se produit un vide semblable à celui qui serait déterminé par le jeu d’une pompe aspirante.

Tel est l’ingénieux mécanisme, grâce auquel on a réussi à supprimer la petite pompe aspirante et foulante des lampes de Carcel. Une simple membrane, alternativement comprimée et rendue à son élasticité naturelle, fait l’office de la pompe atmosphérique.

Nous n’avons pas besoin de dire que, comme dans la lampe Carcel, une soupape permet à l’huile du réservoir de pénétrer dans chacune des ampoules de caoutchouc, lorsque leur capacité augmente. Quand leur capacité diminue, cette soupape se ferme, et l’huile, ouvrant une autre soupape, est refoulée dans le tuyau d’ascension.

Le mouvement ascendant de l’huile s’exécute régulièrement, parce que le jeu des deux ampoules se fait en sens contraire l’un de l’autre, de sorte que l’huile est toujours refoulée par l’un ou par l’autre, dans le tuyau d’ascension, avec lequel communiquent les deux ampoules.

Dans les lampes mécaniques de Carcel, l’huile arrive au bec en quantité beaucoup plus considérable qu’il ne le faut pour entretenir la combustion. L’excédant de cette huile redescend dans le réservoir, où agit le mécanisme propulseur. C’est cet excès d’huile qui rafraîchit constamment la mèche, et qui, comme nous l’avons dit, la fait brûler à blanc.


CHAPITRE VII

lampe mécanique de philippe de girard. — les lampes hydrostatiques. — lampe de keir, de lange et verzi. — lampe de thilorier au sulfate de zinc.

Malgré les perfectionnements qu’elle a reçus à notre époque, la lampe Carcel présente certains inconvénients. Sous le rapport de l’intensité de la lumière et de la beauté de l’éclairage, elle est irréprochable ; mais elle est toujours d’un prix élevé. Son mécanisme est délicat et fragile, ce qui oblige, presque annuellement, à un nettoyage coûteux. Quand on la livre à plus bas prix, elle exige des réparations fréquentes, qui ne peuvent être exécutées que par des ouvriers spéciaux, dans quelques grandes villes. Le mouvement d’horlogerie appliqué aux lampes, est sujet aux mêmes dérangements que celui des pendules, puisqu’il est presque identique avec ce dernier. Les inconvénients sont même plus grands dans cette application particulière. Dans une horloge, en effet, il suffit que le mouvement ait la force nécessaire pour vaincre le frottement des rouages, et faire mouvoir les aiguilles, qui n’opposent, en raison de leur légèreté, qu’une résistance à peu près nulle. Dans la lampe Carcel, le mécanisme doit mettre en jeu, au lieu d’aiguilles, qui n’offrent aucune résistance, des pompes, qui absorbent presque toute la force du moteur. Aussi, au moindre obstacle produit par l’épaississement de l’huile contenue dans le réservoir, ou par celle qui peut suinter à travers la couche de métal et de cire qui sépare l’huile du mouvement d’horlogerie, la résistance survenue dépasse-t-elle la puissance, et le mouvement s’arrête-t-il.

Il est impossible de remédier à cet inconvénient, car il est lié, d’une manière nécessaire, au mécanisme d’horlogerie. On a toujours inutilement essayé de le combattre, et l’on peut avancer, sans hardiesse, que la lampe Carcel, où l’on emploie un mécanisme qui a été depuis longtemps perfectionné pour l’usage des pendules, jouit aujourd’hui de tous les perfectionnements que comporte son système.

On a fait de très-nombreuses recherches pour substituer aux lampes Carcel, d’un mécanisme compliqué et délicat, et par conséquent d’un prix élevé, un système plus économique, et pouvant atteindre le même but,